Logement insalubre: Après les immeubles effondrés à Marseille, Rennes continue de soigner son centre ancien
LOGEMENT•Un rapport avait pointé du doigt la fragilité du centre historique de la capitale bretonne…Camille Allain
L'essentiel
- Un mois après l’effondrement des immeubles à Marseille, Rennes présente le rapport de rénovation de son centre ancien.
- Un diagnostic établi en 2011 avait montré que 660 immeubles du centre historique étaient dégradés, dont 330 présentaient un danger.
- D’importants travaux ont été menés. Alors qu’une vingtaine d’arrêtés de péril avaient été signés en 2011, la ville n’en compte aujourd’hui qu’un ou deux par an.
Il y a un mois, Marseille voyait plusieurs immeubles s’effondrer rue d’Aubagne. Un drame qui a coûté la vie à huit personnes dans un quartier tristement connu pour son habitat insalubre. C’est dans ce contexte particulier que le rapport sur l’opération de rénovation du centre ancien de Rennes a été remis cette semaine. Et à écouter les élus, la capitale bretonne a réussi là où Marseille a failli.
« On peut en être fier », estime l’élu du quartier centre Didier Le Bougeant. Il y a un peu moins de dix ans, le diagnostic posé par les experts avait de quoi faire peur. Sur les 1.600 immeubles du centre historique, 660 étaient considérés comme dégradés, dont 300 présentaient un réel danger. Si un bâtiment tombait, c’était tout l’îlot qui menaçait de s’effondrer. Une menace pour les occupants mais aussi pour le patrimoine de la ville et ses célèbres immeubles à pans de bois.
Depuis 2011 et la remise de ce rapport alarmant, 146 immeubles ont été remis en état et 150 sont toujours en travaux. Construits après l’incendie de 1720, ces bâtiments à pans de bois déjà fragiles ont régulièrement été blessés par des chantiers complètement inadaptés. « On a parfois vu des dalles de béton coulées dans des immeubles à ossature bois. Tout ça pour poser un carrelage, soupire l’adjoint à l’urbanisme Sébastien Sémeril. Certaines copropriétés n’avaient effectué aucuns travaux depuis 20 ou 30 ans ».
« Il reste encore beaucoup à faire »
Très coûteux, ces chantiers ont été financés par les propriétaires mais largement subventionnés par la collectivité et l’Etat. « Il reste encore beaucoup à faire mais on a énormément avancé », poursuit l’élu socialiste. Alors qu’une vingtaine d’arrêtés de péril avaient été signés en 2011, la ville n’en compte aujourd’hui qu’un ou deux par an.
En attendant d’achever cet interminable chantier de rénovation, la municipalité se veut déjà rassurante sur l’état global de son cœur de ville. « Nous avons visité 75 % des immeubles. Nous savons exactement ce qu’il faut traiter. Nous travaillons avec les propriétaires pour établir un calendrier », détaille Didier Le Bougeant.
En plus de travailler à la sauvegarde de son centre ancien, Rennes en a profité pour sécuriser le périmètre d’intervention des secours. En 2007, un incendie survenu dans un immeuble du centre-ville avait coûté la vie à trois étudiants, prisonniers d’un logement niché au 5e étage. En 2010, un drame avait été évité de peu quand un incendie s’était déclaré place Saint-Michel un soir de la Fête de la musique. « Rennes a une histoire dramatique avec le feu. Aujourd’hui, il n’y a plus un logement qui ne soit pas accessible aux pompiers », assure la maire Nathalie Appéré.