Rennes: Après les sœurs, les militaires et les pompiers, le palais Saint-Georges va encore changer d’hôtes
PATRIMOINE•L’imposant bâtiment accueillera la Maison de la citoyenneté et de la tranquillité publique...Camille Allain
L'essentiel
- Occupé par les pompiers, le palais Saint-Georges verra les soldats du feu partir en 2020.
- L’emblématique bâtiment reconstruit en 1921 après un incendie accueillera la Maison de la citoyenneté et de la tranquillité publique.
- Par le passé le site a accueilli une caserne militaire mais surtout des religieuses de la puissante abbaye bénédictine.
Comment le manquer. Fort de ses centaines de fenêtres parfaitement alignées, le palais Saint-Georges est l’un des monuments les plus connus des Rennais. Quartier général des pompiers et la police municipale, le bâtiment s’est trouvé une nouvelle vocation. Au départ des soldats du feu en 2020, il accueillera la Maison de la citoyenneté et de la tranquillité publique, a fait savoir la ville de Rennes.
On pensait l’endroit promis à l’accueil d’un hôtel de luxe, mais le projet avait été abandonné. « C’est un bâtiment emblématique de notre ville. Les projets hôteliers qu’on nous avait soumis n’étaient pas à la hauteur de nos attentes », justifie l’adjoint aux finances Marc Hervé. Surtout, le calendrier ne collait pas avec l’ouverture du centre des congrès au couvent des Jacobins.
Après d’importants travaux, les innombrables bureaux actuellement occupés par les pompiers accueilleront des services de la ville, aujourd’hui dispatchés sur une dizaine de sites : la direction de la culture, des sports, l’état-civil ou le service des objets trouvés. « Une optimisation du foncier grâce à la vente des sites libérés », selon la maire Nathalie Appéré.
Un incendie ravage le bâtiment en 1921
En 2023, date de livraison annoncée, les nouveaux locataires mettront les pieds dans un lieu chargé d’histoire. Comme de nombreux bâtiments de Rennes, il avait dû être largement reconstruit en 1921 après un important incendie. On comprend mieux pourquoi le maire de l’époque Jean Janvier avait décidé d’y installer les pompiers. « Toute la charpente avait été ravagée. Les dégâts étaient considérables », rappelle Gilles Brohan, animateur de l’architecture et du patrimoine à Destination Rennes.
La caserne militaire qui y avait été placée après la Révolution avait dû déménager et enlever tous ses baraquements qui cachaient le somptueux palais. C’est à cette époque que le jardin à la française a fait son apparition, sublimant le bâtiment.
Magdelaine de la Fayette en capitales
Et laissant apparaître le nom de Magdelaine de la Fayette inscrit en capitales sur la façade. « C’est l’abbesse qui avait demandé la construction du palais au XVIIe siècle », explique le spécialiste du patrimoine. Une importante et riche abbaye bénédictine existait là depuis le XIe siècle et accueillait les filles de la haute noblesse. « Le bâtiment précédent était sans doute devenu trop petit. Ou pas assez représentatif de la puissance de l’abbaye bénédictine », glisse Gilles Brohan.
Jusqu’à la Révolution et la séparation des pouvoirs de l’Église et de l’État, les chambres du palais sont donc occupées par des religieuses. De leur fenêtre, les sœurs profitent d’une vue sur un important port où est livrée la nourriture produite sur les terres appartenant à l’abbaye. Des siècles plus tard, les fenêtres offrent une vue imprenable sur l’avenue Janvier et la gare en construction. Un saut dans le temps.