Yec’hed mat !

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ÉCONOMIELa plus grande des brasseries bretonnes, la Brasserie de Bretagne, fête ses 20 ans. Pour faire face au développement soutenu de ses marques, Britt, Dremmwel ou Sant Erwann, elle a prévu de déménager à Concarneau. Marc-Olivier Bernard est à la tête de cette entreprise dont le succès illustre le terrain conquis par les petites brasseries au détriment des multinationales de la bière...
Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons

Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons

C’est un constat que le simple consommateur peut effectuer. Jusqu’à il y a quelques années, le rayon bière des supermarchés était désespérément uniforme, étalant ses litres aux saveurs standardisées sous des marques appartenant toutes à de grands groupes internationaux. Et puis, des petits nouveaux se sont fait une place, grapillant année après année des mètres de linéaire pour y installer notamment des productions bretonnes. Les premières à apparaître ont été des bouteilles emballées de jaune, décorées d’une tête de macareux moine, cet oiseau marin au bec coloré. Les bières Britt ont en effet été pionnières, ouvrant les rayons des grandes surfaces à des bières locales, brassées en Bretagne. Aujourd’hui, les marques de la Brasserie de Bretagne – Britt, Dremmwel, Ar-Men et Sant Erwann – sont bien implantées. “La Sant Erwann rivalise même parfois avec ses concurrentes Leffe, Grimbergen ou Affligem dans le domaine des bières dites de type abbaye”, se réjouit Marc-Olivier Bernard.
Arrivé à la tête de l’entreprise l’été dernier, Marc-Olivier Bernard ne cache ni sa satisfaction ni son enthousiasme. Avec 47 salariés et des taux de croissance compris entre 10 et 15 % par an, le dirigeant entend bien continuer la belle histoire entamée il y a vingt ans, mais il ambitionne aussi de faire passer un cap à la petite brasserie artisanale créée par Claude Chapelle. C’est cet ancien de la fromagerie Entremont qui avait établi la Brasserie de Bretagne sur le site d’une conserverie, à Trégunc, près de Concarneau. Deux ans plus tard, il revendait l’entreprise à Hervé Corbel et à Jean-François Istin qui la développèrent jusqu’à en faire, avec Coreff et Lancelot, l’une des trois principales brasseries bretonnes. Aujourd’hui, la Brasserie de Bretagne, rachetée en 2012 par un groupe d’investisseurs, produit cinq millions de litres de bières par an – devenant ainsi la plus grande de Bretagne – et réalise un chiffre d’affaires de 9,4 M€.
Depuis l’été dernier, les propriétaires de la brasserie ont placé à sa tête Marc-Olivier Bernard. Ce diplômé d’école de commerce, qui a accompli toute sa carrière dans les services marketing et commercial de grands groupes américains, avait décidé de “revenir en Bretagne”, la région où il est né, à Saint-Nazaire, au hasard des implantations professionnelles de son père ingénieur. “J’ai toujours considéré que j’étais Breton, j’avais un Gwenn-ha-Du dans ma chambre”, s’amuse-t-il.
C’est d’abord pour Le Gouessant, une coopérative agricole lamballaise, qu’il travaille, avant qu’on ne vienne le chercher pour accompagner le développement de la Brasserie de Bretagne. Parmi les projets ? Le déménagement du site de production, aux murs devenus trop étroits, vers un site voisin, à Concarneau. Et puis, “continuer de se développer”, dans la grande distribution – qui représente 70 % du chiffre d’affaires de la brasserie – mais également en lorgnant vers les bars et les restaurants ou en dépassant les frontières bretonnes.

Un projet avec Coreff et Lancelot

Dans ce combat, Marc-Olivier Bernard ne voit d’ailleurs pas de concurrents sur le marché breton, mais plutôt des partenaires qui, tous, œuvrent à ouvrir les papilles des consommateurs à d’autres saveurs. “L’ensemble des marques bretonnes représente 10 % du marché en Bretagne. Ce qui veut dire que 90 % des bières consommées ne sont pas produites ici. On a un énorme potentiel de croissance. Je suis convaincu qu’avant de se batailler entre nous, on a intérêt à défendre l’image de la Bretagne comme étant une terre capable de produire de la bonne bière. Je préfère qu’on aille gagner sur les grands groupes internationaux, Heineken, Carlsberg-Kronenbourg, que sur nos concurrents bretons…”
Pour preuve : avec Coreff et Lancelot, la Brasserie de Bretagne porte un projet de malterie commune. Car, pour l’instant, si la région produit de l’orge en quantité, elle l’envoie en Belgique ou dans l’est de la France pour être maltée…
À l’aise sur les questions marketing ou commerciale, Marc-Olivier Bernard, costume sage et lunettes fines, laisse aussi pointer un réel engagement vers une recherche de sens. Ainsi, il a tenu à lier la Sant Erwann, au goût inspiré des bières d’abbayes du Nord, à une abbaye bretonne. Au gré des rencontres, la Brasserie de Bretagne a décidé d’apporter un soutien à l’abbaye de Beauport, près de Paimpol. “C’est un endroit magnifique, magique. On n’attend pas un retour financier, mais se dire que notre marque peut donner une partie de son chiffre pour soutenir ce type de lieux, je trouve que c’est bien.”

Article extrait du magazine Bretons n°144 de juillet 2018 :

magazine Bretons n°144 - juillet 2018
magazine Bretons n°144 - juillet 2018 - Bretons

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