Rennes: Excédés par le bruit, les riverains de la LGV demandent des comptes
TRANSPORTS•Cinquante à soixante trains par jour passent non loin de leur maison...Camille Allain
L'essentiel
- Des riverains ont manifesté devant la préfecture de Rennes ce mercredi, où se tenait un comité de suivi de la ligne à grande vitesse Rennes Paris.
- Ils se plaignent de nuisances sonores prononcées depuis la mise en service il y a près d'un an.
- Ils demandent des aménagements pour réduire le bruit et des indemnisations pour la dévaluation immobilière.
- Cinquante à soixante trains par jour passent non loin de leur maison...
Inaugurée il y a près d’un an, la ligne à grande vitesse reliant Rennes à Paris fait le bonheur des voyageurs réguliers. Elle est aussi devenue le cauchemar de dizaines de familles. Elles habitent Ossé, Domagné, Cesson-Sévigné ou Argentré-du-Plessis et souffrent toutes du même mal : le bruit. « Ça me pourrit la vie, résume Yannick Bouillon, qui réside à Argentré, près de Vitré (Ille-et-Vilaine). J’ai fait le choix d’habiter en campagne pour être au calme, pas pour entendre cinquante trains passer chaque jour ».
Comme lui, une vingtaine d’habitants étaient rassemblés mercredi matin devant la préfecture Martenot, à Rennes, où se tenait un comité de suivi traitant des nuisances. Sur les 141 mesures réalisées en Ille-et-Vilaine, Sarthe et Mayenne, seul un site de Mayenne ne respecte pas le niveau maximum de bruit autorisé par la réglementation. « Il fera l’objet de mesures adaptées », promet le préfet. « C’est le principe de la réglementation qui a été mis en cause », précise Marc Legrand, directeur d’Eiffage rail express, société qui a mené ce chantier colossal.
« Pas plus de bruit qu’une machine à laver »
Pour calmer les riverains, la ministre des Transports Elisabeth Borde a demandé « une mission d’expertise et de médiation », censée faire la lumière sur l’état des nuisances d’ici la fin de l’année. « On nous avait dit que ça ne ferait pas plus de bruit qu’une machine à laver. C’est complètement faux. On a des mesures à plus de 80 décibels », poursuit Yannick Bouillon.
Réunies au sein de quatre associations de riverains, environ 700 familles se plaignent du bruit des trains, qui circulent à près de 300 km/h sur cette portion. « J’ai dû boucher ma cheminée », témoigne une femme, désemparée. Ces habitants aimeraient que des aménagements soient réalisés ou a minima être indemnisés pour compenser la dévaluation immobilière. « Elles sont invendables. Ceux qui veulent partir ne trouvent pas d’acquéreur », regrette Didier Martin, coordinateur des associations.
« On ne lâchera pas »
Malgré les désagréments, Yannick refuse, lui, de partir. « J’ai travaillé toute ma vie pour me payer cette maison ». Si leurs demandes n’aboutissaient pas, les habitants iraient sans doute devant les tribunaux. « Ce combat est usant mais on ne lâchera pas », promettent-ils.
Chantier évalué à plus de trois milliards d’euros, la LGV a permis d'accroître le nombre de voyageurs à Rennes et en Bretagne de 18 % environ. La capitale bretonne n’est plus qu’à une heure trente de Montparnasse.