Rennes: Comment des prairies polluées vont devenir le poumon vert de la ville
ENVIRONNEMENT•Un parc naturel de 30 hectares est en cours d’aménagement...Camille Allain
L'essentiel
- Les prairies Saint-Martin s'étendent sur 30 hectares, un véritable hameau de nature à deux pas du centre-ville de Rennes.
- La ville souhaite en faire son poumon vert et une zone d'expansion des crues.
- Les sols ont été pollués par le passé industriel du site. Le chantier de dépollution va coûter quatre millions d'euros.
Les prairies Saint-Martin cultivent un paradoxe. Située à deux pas du centre-ville de Rennes, cette oasis de verdure offre un immense espace de nature aux habitants qui sont nombreux à venir se perdre dans sa végétation sauvage.
Mais les activités industrielles du passé ont laissé un goût amer. Souillés par les hydrocarbures, par l’huile de vidange des chars de la Seconde guerre mondiale, ou par des plaques d’amiante, les sols sont sérieusement pollués. « On a retrouvé des carcasses de voitures enfouies sous la végétation », témoigne Daniel Guillotin, adjoint à l’écologie.
Forcée d’en faire une zone humide par le nouveau plan d’expansion des crues, la municipalité avait décidé d’engager un grand plan de réaménagement des prairies, occasionnant quelques expulsions dans de vieilles maisons. « Les crues ont permis de préserver ce site. S’il n’y avait pas eu tant d’eau, on aurait déjà des constructions partout ici », rappelle Daniel Guillotin.
Des terres polluées sous une aire de jeux pour enfants
L’adjoint à l’écologie veut faire de cette zone de 30 hectares « le poumon vert » de Rennes. Pour y parvenir, la municipalité mène un important chantier de dépollution des sols. « Nous avons enfoui les terres polluées sous une butte de terre végétale qui deviendra une aire de jeux pour enfants ». Curieuse technique… « C’est un procédé assez classique. Les polluants sont enfouis, il n’y a aucun risque, d’autant qu’ils ont été lessivés par des années d’inondations », promet Laurence Roux, de la Direction des jardins. Indispensables, ces travaux coûteront cher la ville : quatre millions d’euros sur un budget global estimé à 21 millions d’euros.
La première tranche de travaux devrait être achevée à l’automne mais des abris d’observation et des pontons en bois ont déjà été installés. Quatre hectares resteront fermés au public pour préserver la faune et la flore. « On voit déjà certains oiseaux comme les oies de bernache ou les grèves revenir ». Le bon accueil, qui héberge aujourd’hui des artistes, sera transformé en bar restaurant. Mais pas avant 2021, date programmée de la fin des travaux.