Rennes: Sciences Po ouvre une promotion uniquement dédiée aux réfugiés
SOLIDARITE•La première session sera lancée mardi matin...Camille Allain
L'essentiel
- Sciences Po Rennes ouvre un cursus dédié aux réfugiés.
- Piloté par l'association Wintergreat, le programme est consacré à la langue française.
- Il doit permettre aux réfugiés de retrouver un emploi ou une formation.
Les portes de Sciences Po Rennes s’ouvrent aux réfugiés. Lundi, la prestigieuse école a accueilli 23 étudiants aux parcours bien différents de ses élèves habituels. Tous réfugiés, ils suivront à compter de ce mardi un cursus spécifique porté par l’association Wintergreat et notamment axé sur l’apprentissage de la langue.
« Je veux vivre ici, je veux m’intégrer. Mais pour ça, il faudra que j’apprenne le français. » A 38 ans, Diana va retrouver les bancs de l’école. Mère de deux enfants, elle est a quitté son Daguestan natal il y a un an et demi pour fuir ce territoire russe limitrophe de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan particulièrement instable, abandonnant en même temps son job d’assistante sociale. Mardi, elle entamera un programme scolaire de trois mois hébergé à Sciences Po pour tenter de retrouver le chemin de l’emploi. « Il y a un tel gâchis de talent. Certains voient les personnes réfugiées comme un problème. Nous voulons les voir comme une chance », témoigne Théo Sculpa, cofondateur de l’association Wintergreat.
« Un peu de diversité dans l’école »
Né fin 2015, le projet s’est concrétisé en janvier 2016 par l’ouverture d’une première promotion à l’Ecole supérieure de commerce de Paris, avant d’être repris dans une dizaine de grandes écoles françaises. « On apporte un peu de diversité dans l’école », reconnaît David Mongazon, étudiant en 4e année à Sciences Po et directeur du programme rennais. « Notre volonté, c’est de permettre aux élèves de retrouver un emploi et surtout sans déclassement », poursuit l’étudiant.
Ouvert à toutes les personnes réfugiées titulaires d’un équivalent du bac, ce cursus de trois mois sera aussi l’occasion pour les élèves d’être parrainés par des étudiants de Sciences Po et ainsi de rencontrer du monde. « Si on veut avoir une chance de trouver un emploi, il faut que l’on maîtrise la langue mais aussi le vocabulaire professionnel », estime Alnaser.
Originaire de Syrie, cette ancienne professeure de français habite depuis 2016 dans la région rennaise. Elle compte sur cette formation pour s’ouvrir les portes de l’université et retrouver un emploi équivalent. En attendant, elle continue d’enseigner l’arabe. « Mais bénévolement », glisse-t-elle tout sourire.