Six ans après le dramatique accident, Saint-Médard aura enfin son viaduc et un procès
ACCIDENT•Trois personnes avaient été tuées dans une collision entre un TER et un poids lourd…Camille Allain
L'essentiel
- Le 12 octobre 2011, un TER avait percuté un poids lourd sur un passage à niveau à Saint-Médar-sur-Ille, au nord de Rennes.
- L'accident avait fait trois morts et des dizaines de blessés.
- Six ans plus tard, un viaduc va enfin être construit pour sécuriser les lieux.
- Un procès aura lieu en 2018.
Le 12 octobre, cela fera six ans. Six ans que la ville de Saint-Médard-sur-Ille, au nord de Rennes, tente de faire le deuil de son dramatique accident de train. Le 12 octobre 2011, un TER percutait un poids lourd resté bloqué au milieu du passage à niveau numéro 11. La collision avait fait trois morts et des dizaines de blessés. « J’ai été cassée de partout. J’ai mal partout et ma vie est gâchée », lâche, émue, Marie-Louise Beaupère, qui était présente à bord du train.
Six ans après l’accident, cette rescapée a assisté au lancement officiel du chantier de construction du viaduc mardi. Cet aménagement long de 240 mètres permettra la fermeture du passage à niveau sans que la commune ne soit coupée en deux. « C’est une solution efficace et durable à ce maudit PN11. C’est un grand soulagement pour les victimes et les habitants de Saint-Médard. Mais l’heure doit aussi être à la honte de ne pas avoir agi plus tôt », regrette Lionel Labourdette, président de l’association de victimes.
La menace d’une fermeture
Sans solution pendant des années, ce dossier s’est débloqué il y a deux ans, quand le conseil départemental a mis tous les acteurs autour de la table. Le préfet menaçait alors de fermer le passage à niveau, barrant la route, et coupant la commune en deux. « C’est l’absence de consensus qui a ralenti ce dossier », reconnaît le président du département Jean-Luc Chenut.
« C’est un projet complexe avec du ferroviaire, du routier, un environnement naturel compliqué. Mais à l’avenir, il faudra que nous agissions plus tôt », reconnaît le vice-président aux transports de la région Bretagne Gérard Lahellec. « Le temps administratif, technique et judiciaire est toujours trop long pour les victimes, qui souffrent. Mais il ne faut pas sous-estimer le travail des pouvoirs publics », ajoute Christophe Mirmand, préfet d’Ille-et-Vilaine.
Presque dix ans et 12 millions
La construction du viaduc permettra la circulation des véhicules à l’écart des voies de chemin de fer. Les piétons et cyclistes pourront, eux, traverser les voies grâce à un passage souterrain sécurisé. Le chantier estimé à 12 millions d’euros devrait être livré au printemps 2020. « Il aura presque fallu dix ans. Mais sans notre association, je ne suis pas sûr que ce projet aurait vu le jour », estime le président de l’association de victimes.
Enfin entendues, ces dernières attendent également avec impatience le procès, qui aura lieu en 2018. Le chauffeur du poids lourd et la SNCF seront sur le banc des accusés. « Ce procès ne me redonnera jamais ma santé. Ça ne m’apportera rien, mais au moins ça permettra de refermer ce dossier », témoigne Marie-Louise, appuyée sur sa canne. « Les victimes ont besoin de savoir que ce drame aura servi à quelque chose. La SNCF est récidiviste, elle doit être condamnée », conclut Lionel Labourdette.