Stéphane Betbeder: “Déguignet est un gueux qui parle comme un lettré”
BANDE DESSINÉE•Le 11 octobre paraît l’adaptation en bande dessinée des Mémoires d’un paysan bas-breton. Ce livre signé d’un paysan de la deuxième moitié du 19e siècle, redécouvert dans les années 2000, est un témoignage étonnant sur la vie des gens de peu. Il est aussi le récit de la vie de Jean-Marie Déguignet, un personnage d’exception, que le scénariste Stéphane Betbeder a fait tenir entre les bulles d’une BD...Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons
Bretons : Comment est né ce projet d’adaptation ?
Stéphane Betbeder : C’est une commande Soleil, la maison d’édition. Moi, ça me parlait beaucoup parce que je suis Béarnais et j’ai vécu toute mon enfance à la campagne chez mes grands-parents. Montrer une vie traditionnelle, comme elle n’existe plus depuis l’agriculture intensive, le rapport aux animaux, la ferme, le potager… Cela parle d’un temps révolu qui a existé jusqu’aux années 1970.
Vous connaissiez cet ouvrage ?
Non, je l’ai lu avant d’accepter le projet. Ça m’a parlé. Le style très simple, c’est un gueux qui parle comme un lettré et qui raconte sa vie de miséreux… Cela me plaisait beaucoup.
Quelle est votre vision du personnage ? Qui était Jean-Marie Déguignet, un génie, un fou ?
Comme on dit aujourd’hui, un haut potentiel ! L’explication qu’il donne est jolie : un accident à cause d’une abeille qui lui a laissé une cicatrice par laquelle les idées entrent… Il est né avec une haute capacité intellectuelle. Il parle peu de son rapport de père à ses enfants, si ce n’est que pour maugréer contre eux, on le voit peu porté par des sentiments, la sensiblerie. Et cela correspond à ces personnes à haut potentiel qui ont des difficultés sur le plan émotionnel.
Il porte un regard sévère sur les Bretons, leurs croyances, leur misère…
Il est assez contradictoire. Même s’il s’en défend, il y a des choses auxquelles il a l’air de croire ou, au moins, il se pose des questions dessus. Il critique les Bretons mais il revient au pays après avoir parcouru le monde. Ce sont les contradictions du personnage, c’est ce qui le rend intéressant et romanesque.
Retrouvez la suite de cet entretien dans le magazine Bretons n°135 d'octobre 2017.