A quelques jours de l’évacuation, Rennes honore les enfants nés dans le plus grand squat de la ville
SOLIDARITE•L’occupation à la Poterie doit prendre fin le 17 juillet, mais les solutions se font attendre…Camille Allain
L'essentiel
- Huit enfants nés dans le squat de la Poterie ont reçu un parrainage républicain à Rennes
- L’occupation légale doit prendre fin le 17 juillet
- 160 personnes sont toujours en attente d’une solution de relogement
Le squat de la Poterie n’est décidément pas comme les autres. Encadrée par une convention et donc légale, l’occupation de l’ancienne maison de retraite doit prendre fin le 17 juillet. A quelques jours de la date butoir, l’inquiétude grandit chez les 160 personnes occupant les lieux, mais aussi chez les associations encadrant le squat. « La situation ne s’arrange pas », témoigne Armelle, présidente d’Un toit c’est un droit.
Ce mercredi pourtant, de nombreux « locataires » de la Poterie étaient réunis tout sourire dans les salons de l’Hôtel de ville, où sont d’ordinaire célébrés les mariages. A la demande des associations, plusieurs élus de la majorité ont accepté d’organiser un parrainage républicain pour les huit enfants nés à l’intérieur du squat, ouvert il y a plus d’un an.
« C’est un acte fort. Cela montre que des élus s’engagent, qu’une ville comme Rennes travaille à l’accueil de ces populations, surtout quand l’Etat est défaillant. Je suis très heureux », témoigne Laurent Hamon, conseiller municipal écologiste, nouveau parrain de Liliana, née le 18 novembre au squat de parents originaires du Zaïre.
« On ne sait pas où l’on va aller »
Lors de cette cérémonie, présidée par la socialiste Catherine Debroise, les familles ont pu le temps de quelques heures sourire, rire et applaudir. « Cousin, cousin, cousin », chantait une Congolaise à chaque passage d’un enfant devant les élus en écharpe bleu blanc rouge. « C’est symbolique mais nous sommes heureux. Cela fait plaisir avant de devoir quitter la Poterie », témoigne Maëlle, maman de Kenza.
La jeune femme originaire de Normandie vit au squat avec son compagnon d’origine albanaise depuis plusieurs mois. « On ne sait pas encore où l’on va aller lundi ».
« Manque de solutions de l’Etat »
Comme elle, de nombreuses familles sont dans l’inconnu à quelques jours de la fin de la convention d’occupation qui lie les associations, la ville et le promoteur immobilier Lamotte. En attendant de trouver un toit, Elvis, Franklin ou Gabriela ont été « baptisés » et pourront compter sur un parrain et une marraine qui ont pris l’engagement de les aider et de « servir de guide moral ». « Vous nous avez permis de penser autrement. Vous avez prouvé qu’un squat pouvait être légal et devenir un lieu de fraternité et d’amitié. Mais cette réussite est bien terne face au manque de solutions de l’Etat », a réagi l’élu Valérie Faucheux.
Une réunion se tient ce mercredi en mairie entre les services de la ville et les associations encadrant l’occupation de l’ancienne maison de retraite.