«Je suis là pour faire le show, pas le beau», résume le speaker de l'En Avant de Guingamp
INTERVIEW•L'ancien DJ Pascal Pédron a été élu meilleur animateur de Ligue 1 par la LFP...Propos recueillis par Jeremy Goujon
L'essentiel
- L'EAG a raflé deux trophées dans le cadre du séminaire des stadium managers des clubs de Ligue 1 et de Domino’s Ligue 2, mardi.
- Dont le « micro d'or » attribué au speaker du Roudourou...
Speaker de l’En Avant de Guingamp depuis 2013, Pascal Pédron a été élu mardi meilleur animateur de Ligue 1 par la LFP. L’ancien DJ costarmoricain (50 ans) succède ainsi à une figure du micro…
Cela vous fait quoi d’obtenir ce prix pour la première fois ?
Je suis surtout content pour le club et notre public. Vous pouvez mettre le meilleur animateur du monde dans le plus beau stade du monde, si le public a décidé de ne pas jouer le jeu, ça ne fonctionnera pas. À Guingamp, je n’ai pas beaucoup de mérite, puisque j’ai la chance d’avoir un super public, très réactif, fair-play et qui aime le foot. Dès lors, je ne fais que mon travail [Pascal Pédron est animateur dans l’événementiel].
Vous savourez quand même à titre individuel ?
Bien sûr ! Je suis très heureux et très fier, évidemment. En fait, ce qui me surprend énormément, c’est de succéder à mon collègue du PSG, Michel Montana. Pour nous tous, c’est une référence, un maître ! Donc se dire : « Je succède à Michel Montana… » Waouh ! Mais bon, je ne me prends pas la tête non plus.
L’EAG a aussi remporté le championnat des tribunes, devant le Stade Rennais. Le Roudourou est donc the place to be pour passer une bonne soirée foot ?
C’est exactement ça ! J’ai la chance de faire mon job dans un stade à dimension humaine. On a une relation de proximité avec le public qui est très rare. Demandez aux joueurs guingampais, ils vous le diront eux-mêmes. Quand les supporters ont décidé de pousser leur équipe, les joueurs sont obligés de se sublimer, de s’arracher pour aller chercher la performance, et ça, c’est extraordinaire.
Je me souviens d’une demi-finale de Coupe de France contre Monaco [en 2014], c’était incroyable. À un moment donné, on a senti le stade basculer totalement (sic), et après, c’était fini, Monaco n’existait plus. L’ascendant psychologique, c’est hyper important, et mon rôle est juste d’allumer les mèches. La puissance et la ferveur du public font le reste.
Votre homologue du Stade Brestois, Grégory Pelleau, a également été récompensé en Ligue 2. Est-ce une spécificité bretonne d'être speaker ?
Avec le temps, la Bretagne est devenue une terre d’élevage (sourire). Ce qu’il faut plutôt mettre en avant, c’est la qualité du public breton. À Guingamp, il n’est pas rare d’applaudir un joueur adverse à sa sortie du terrain, parce qu’il a fait un bon match. C’est le genre de choses qu’on ne voit pas beaucoup dans les stades, et dans le contexte actuel du football, a fortiori en Ligue 1, je trouve que ça fait du bien. Il y a encore des stades qui respirent le foot. C’est d’ailleurs ce qu’avait écrit Fredy Fautrel, après avoir arbitré chez nous, au Roudourou, le dernier match de sa carrière [face au PSG, en décembre 2016] : « Je voulais finir à Guingamp, car c’est l’un des endroits où on vit encore football ».
En fait, c’est quoi un bon speaker ?
Il faut le demander aux gens qui nous font confiance. C’est toujours difficile de porter un jugement sur son travail. Le plus important, je pense, c’est d’avoir bonne conscience et de se dire : « J’ai donné le maximum pour mon club ». Mes prédécesseurs à Guingamp, Fred Legrand et Franck Gérard, m’avaient dit : « On fait le show, mais on ne fait pas le beau ». C’est un peu comme Monsieur Loyal, c’est-à-dire que je dois mettre en valeur les vrais acteurs - à savoir les sportifs - durant un événement particulier. Un match de Ligue 1, c’est loin d’être banal. Il faut faire un travail sérieux, sans jamais se prendre au sérieux.
Hormis Michel Montana, avez-vous d’autres modèles ?
Il y a un speaker qui m’a toujours impressionné, dans un autre univers cette fois : c’est Daniel Mangeas [l’ancienne voix du Tour de France]. Alors lui, c’est un seigneur ! En plus, pour le connaître un peu personnellement, c’est quelqu’un d’adorable. Très clairement, c’est une vraie source d’inspiration.