Ligue 1: La saison 2016-2017 du Stade Rennais est-elle aussi décevante qu'elle en a l'air?
FOOTBALL•On a passé au peigne fin le dernier exercice des Rouge et Noir...Jeremy Goujon
L'essentiel
- Le SRFC entamera l'été prochain sa 24e année consécutive en L1 - seuls le PSG, l'Olympique Lyonnais et les Girondins de Bordeaux feront mieux.
- Mais en attendant, c'est l'heure du bilan...
«C’est une saison qui ressemble à tant d’autres, et les gens en ont un peu marre. » Cette phrase, prononcée dans 20 Minutes par l’un des membres du Roazhon Celtic Kop (principal groupe de supporters rennais), résume l’impression laissée par le SRFC en 2016-2017.
Mais alors que Christian Gourcuff a tordu le cou à cette sensation dans un « grand bilan » publié lundi sur le site officiel du club, la saison écoulée de Ligue 1 a-t-elle été réellement décevante côté rouge et noir ? Chiffres à l’appui, on tente de répondre à la question…
OUI
Un nombre de points insuffisant. Avec 50 unités au compteur, comme il y a deux ans, le Stade Rennais (9e au général) établit l’un de ses plus faibles totaux depuis le retour à un championnat de France à 20 clubs, en 2002-2003. L’équipe bretonne n’avait fait pire qu’en 2003, justement (40 points engrangés à l’époque), 2013 et 2014 (46 à chaque fois).
Ces trois parcours plus que moyens avaient toutefois été compensés par des épopées dans les autres compétitions nationales (demi-finale et finale de Coupe de France en 2003 et 2014, finale de Coupe de la Ligue en 2013), ce dont ne peut se targuer la formation de Gourcuff. Un entraîneur qui n’a d’ailleurs pas fait mention des gifles reçues en coupes (7-0 à Monaco, 0-4 contre le PSG) dans son compte-rendu…
Un secteur offensif en berne. Outre les défaites face aux trois derniers du classement, lesquelles font tache dans le décor (quatre revers en six matchs contre Lorient, Nancy et Bastia), c’est l’aspect qui irrite le plus les fans. Avec seulement 36 buts en 38 journées (18e attaque de L1...), Rennes fait à peine mieux qu’en 2003 (décidément) et 2015 (35 réalisations dans les deux cas).
Symbole de l’inefficacité évoquée : hormis face à l’OM (3-2, le 21 septembre), jamais les Rouge et Noir n’auront marqué plus de deux fois dans une même rencontre. On en oublierait presque que Giovanni Sio, souvent décrié et « pas vraiment dans les plans de Gourcuff » - selon L’Équipe de ce mardi, a finalement inscrit à lui seul le quart des buts rennais (neuf)…
Trop de nuls tuent le nul. Plus du tiers des matchs disputés par le SRFC se sera soldé par un partage des points (14). On s’est donc rapproché des 16 nuls de 2009, « record » contrebalancé par un plus grand nombre de victoires (15 à douze). L’accumulation des scores de parité, notamment durant la phase retour (dix), aura plombé la belle moyenne initiale (1,69 unité glanée par rencontre, de la première à la 16e levée), et, surtout, engendré une période peu glorieuse : un seul succès (!) entre le 5 décembre et le 14 avril.
« [Cette] série de nuls ne nous permettait pas d’avoir une sécurité suffisante. Le climat s’est un peu tendu au fil des matchs », reconnaît le coach, qui pointe aussi des « problèmes de blessures tout au long de la saison ».
NON
Solide à la maison. Avec 36 points conquis au Roazhon Park (dix victoires, six nuls et trois défaites), Rennes a tout simplement réalisé sa meilleure saison à domicile depuis l’édition 2008-2009. Une moisson qui contribue grandement à l’amélioration des stats personnelles de Christian Gourcuff, par rapport à son premier passage sur le banc rouge et noir.
En 2001-2002, la moyenne de points par match du technicien finistérien culminait à 1,21. Quinze ans plus tard, celle-ci est passée à 1,32. De bon augure pour la suite, estiment certains supporters. « Le coach ne peut construire tout son projet en douze mois, là où il a mis dix ans à Lorient, nous dit par exemple Fabien (34 ans). En gros, la base est là. Il manque juste au club des arguments offensifs. »
L’arrière-garde a tenu la route. Si le Stade Rennais a peu marqué, il a également peu encaissé. La 7e meilleure défense de France n’a ainsi concédé que 42 buts, soit douze de moins que l’exercice précédent. Au-delà des performances de Costil (« Je pense sincèrement que Benoît a fait sa meilleure saison cette année »), Gourcuff a tôt fait d’encenser ses latéraux (Romain Danzé et Ludovic Baal), tout en savourant l’éclosion et la montée en puissance de deux de ses centraux.
« On a intégré des jeunes de façon intelligente. Joris Gnagnon [20 ans] en a parfaitement bénéficié, Ramy Bensebaini [22 ans] s’est également affirmé », se félicite l’entraîneur. Lequel doit sûrement moins apprécier les rumeurs de transfert ayant refait surface pour le prodige franco-ivoirien…
Une fin de parcours prometteuse. Alors qu’il avait une fâcheuse tendance à « foirer » ses ultimes semaines de compétition, le SRFC a rectifié le tir en 2017. Pour preuve, les dix unités prises lors des six derniers matchs, du jamais vu depuis 2008-2009 (encore). Adama Diakhaby et consorts n’étaient pas loin, même, d’en ajouter une onzième contre Monaco (2-3), le 20 mai.
« Si on avait pu égaliser, nous aurions pu gagner deux places supplémentaires et quatre millions d’euros », calcule l’ancien professeur de mathématiques Christian Gourcuff. À défaut d’argent, le Breton se contentera de l’essentiel. « Nos ambitions sportives à moyen terme ? Avoir une cohérence collective, ce que nous avons commencé à voir en fin de saison. »