Stade Rennais: «Cette saison ressemble à tant d'autres, et les gens en ont un peu marre», grognent les supporters
FOOTBALL•Le Roazhon Celtic Kop va encore faire la grève des encouragements, ce samedi soir...Jeremy Goujon
L'essentiel
- Pour la troisième fois consécutive à domicile, l'équipe de Christian Gourcuff ne bénéficiera pas du soutien du RCK (qui prendra quand même le temps de remercier Benoît Costil).
- Le groupe de supporters rennais se dit déçu par certains résultats, le jeu pratiqué et le manque d'ambition des dirigeants.
«Le sursaut d’orgueil contre Lille [victoire 2-0, le 15 avril] fut de courte durée, nous avons pu observer une prestation digne (sic) de notre cher club la semaine dernière [revers 1-0 contre Bastia, le 29 avril]. Dans ces circonstances, nous n’userons pas nos voix et notre énergie pour ces couleurs, et ce, jusqu’à la fin de saison ! »
Mais au fait, pourquoi le Roazhon Celtic Kop (RCK), le principal groupe de supporters du Stade Rennais, fera une nouvelle fois la grève des encouragements face à Monaco, ce samedi (21 h) ?
Parce qu’ils n’ont pas digéré Bastia. « À l’origine, cette grève ne devait durer qu’un match [celui de Lille], à la suite de la défaite 3-0 à Nancy [8 avril], explique auprès de 20 Minutes l’un des membres du RCK, Anthony. C’était une petite gueulante pour alerter et faire réagir, sauf qu’on ne s’attendait pas à perdre contre Bastia [alors lanterne rouge de Ligue 1]. On sait que Rennes est plus fort que ça… et à l’arrivée, on est encore passés pour le club loser du championnat de France…
Après, il n’y a pas le feu non plus. On sera là l’année prochaine, notre campagne d’abonnement sera d’ailleurs lancée ce week-end. On encourage donc le maximum de monde à nous rejoindre, mais on aimerait bien qu’un message fort soit envoyé par le SRFC. Ne serait-ce, déjà, qu’en conservant les cadres de l’effectif. Ne pas garder Benoît Costil est un signal négatif… On a énormément d’estime pour ce joueur, et on le remerciera comme il se doit. »
Parce que la lassitude gagne les rangs. En cas de succès face au néo-champion monégasque, les Rouge et Noir pourraient terminer au mieux à la 7e place de L1 (et ainsi devancer le rival nantais), ce qui constituerait alors leur meilleur classement depuis 2012. Mais à écouter Anthony, cet hypothétique ranking s’avérerait anecdotique. « C’est une saison qui ressemble à tant d’autres, et les gens en ont un peu marre. Ça se voit d’ailleurs au niveau des abonnements, dont le nombre chute depuis quelques années. Ça, ce n’est pas anecdotique [de 15.000 abonnés en 2007-2008, on est passés à 8.300 en 2016-2017, malgré un regain à 8.600 en 2015-2016]…
Bon certes, finir 7e ne serait pas dégueulasse, notamment par rapport au budget du club [8e national]. Mais si seulement ils pratiquaient un jeu beaucoup plus intéressant… Et puis, beaucoup d’autres arrivent à faire des exploits : Guingamp a gagné deux Coupes de France, Montpellier a été sacré en 2012, Nice est sur le podium, et si je ne me trompe pas, ils ont des budgets similaires ou inférieurs au Stade Rennais [selon les chiffres de L’Équipe, Rennes présentait un budget de 50 millions d’euros pour l’exercice 2016-2017, quand celui de Montpellier et Nice culminait à 42 millions, et celui de l’EAG à 26 millions]… »
Parce que Pinault ne ferait pas ce qu’il faut. En l’espace d’un an, les supporters rennais auront vu partir des éléments comme Ousmane Dembélé (Borussia Dortmund), Paul-Georges Ntep (Wolfsburg) ou Kamil Grosicki (Hull City). « Des noms qui parlent, et qui avaient un impact assez fort au sein de l’effectif », estime Anthony, peu convaincu par la renommée et l’apport des nouveaux venus (l’attaquant Aldo Kalulu, prêté par l'OL, en tête). D’où un petit effort demandé à l’un des hommes les plus riches de la planète, qui se trouve être le propriétaire du SRFC.
« M. Pinault a réussi dans beaucoup de secteurs professionnels, mais n’a jamais remporté de trophée dans le domaine sportif. Peut-être a-t-il envie de vibrer au moins une fois avec le Stade Rennais - en tout cas, je l’espère ! Là où d’autres actionnaires en France n’ont pas spécialement d’amour pour les équipes dans lesquelles ils investissent, nous, on a la chance d’en avoir un qui aime son club, parce que c’est celui de sa région. Mais il a beau être là depuis plusieurs années, on se pose des questions, parfois… »