Tour d'Italie: «L'édition 1984 était particulièrement truquée», se remémore Jean-Paul Ollivier
INTERVIEW•«Paulo la science» va rouvrir la boîte à souvenirs à l'occasion du Giro, diffusé à partir de ce vendredi sur la chaîne L’Équipe...Propos recueillis par Jeremy Goujon
L'essentiel
- Voix bretonne du Tour de France, Jean-Paul Ollivier sort de sa retraite télévisuelle à compter d'aujourd'hui pour le Giro 2017.
- Une course qui n'égale pas le Tour selon « Paulo la science », mais qui vaut quand même le (dé)tour.
On ne l’avait plus vu (ou plutôt, entendu) depuis le Tour de France 2015, et ses commentaires pour Radio France. Deux ans et demi après sa retraite cathodique, le Concarnois Jean-Paul Ollivier reprend du service à la télévision. « Paulo la science » (72 ans) officiera en effet sur la chaîne L’Équipe durant le 100e Tour d’Italie, à partir de ce vendredi et jusqu’au 28 mai.
Votre retour à l’antenne est une surprise, non ?
Oui, peut-être… En tout cas, je ne m’y attendais pas, puisque je ne l’ai su qu’il y a une semaine, à peu près. L’Équipe souhaitait élargir le champ de ses commentaires, et ils m’ont donc appelé pour ça. Je ne vais pas commenter la course, je ne le faisais déjà plus à France Télévisions. Je commentais surtout le patrimoine, même si je parlais quand même de vélo de temps en temps, à travers mes rétrospectives. Je vais refaire un peu ça : je ne parlerai pas seulement des sites, mais aussi des coureurs qui ont animé ou remporté le Tour d’Italie.
Quel est votre rapport au Giro ?
J’ai dû y aller une trentaine de fois, mais je ne l’ai jamais couvert entièrement, même à l’époque de Bernard Hinault : huit étapes par-ci, quinze étapes par-là… ça dépendait des éditions. Certaines étapes n’avaient aucun relief, ce qui permettait de s’abstenir. Au fil des années, on a vu évoluer le Giro. C’était une course très inégale, parce qu’on voyait les coureurs italiens être poussés dans les cols par les tifosi, etc. Il était très difficile d’accéder à la première place pour les coureurs français ou étrangers.
Laurent Fignon en avait notamment fait les frais en 1984, au profit de Francesco Moser…
Cette édition-là était particulièrement truquée (sic). Fignon était encore leader à la veille du contre-la-montre final, et Moser avait sorti son vélo du record du monde de l’heure. Alors là… Surtout sur une distance aussi courte et plate [42 kilomètres entre Soave et Vérone].
Quid des difficultés de l’édition 2017 ?
Il y aura l’ascension du Blockhaus, au centre de l’Italie [le 14 mai], mais tout va se jouer encore une fois dans les grands cols des Dolomites. Je ne vois pas la course basculer dès la Sardaigne [où les trois premiers jours sont prévus]. Peut-être au sanctuaire d’Oropa, dans le Piémont [20 mai]… Mais même pas, en fait.
Le Tour d’Italie a-t-il décliné, ou reste-t-il la deuxième plus grande course par étapes au monde ?
Il n’a pas du tout perdu de sa valeur, au contraire. Cette épreuve s’est bien structurée et a gagné en compétitivité, par la création d’étapes sélectives. Parfois même trop sélectives, car les organisateurs ont voulu un peu imiter le Tour de France. Mais on n’imite pas le Tour de France ! Le Tour de France a les Alpes, les Pyrénées, ses contre-la-montre… C’est donc très difficile de l’égaler. Mais cette année, avec leur parcours, les Italiens ont réussi à faire un beau petit Tour.