Michel Onfray: “Le mouvement des Bonnets rouges m’a réjoui”
Entretien•Dans son dernier ouvrage, "Décoloniser les provinces", Michel Onfray signe une attaque virulente du jacobinisme et plaide pour redonner le pouvoir aux régions. L’occasion de l’interroger sur la Bretagne, sa langue et sa volonté de décentralisation...Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons
À la présidentielle, la question des territoires est complètement absente, elle n’a pour l’instant jamais été abordée. Est-ce que cela intéresse quelqu’un ?
Ça intéressait Christian Troadec, dont j’avais entendu avec un vif intérêt le projet de se présenter aux présidentielles. Chacun sait qu’il a été obligé de jeter l’éponge faute de parrainages. J’ai également été intéressé par le mouvement des Bonnets rouges qui a permis de voir quels jacobins étatistes s’y sont opposés – Mélenchon, par exemple, qui les a traités de “nigauds”, ou José Bové. On voit bien que le système est verrouillé par les jacobins qui, droite et gauche confondues, ont les mêmes intérêts à empêcher que le peuple se gouverne par lui-même.
“Il faut des Parlements régionaux” : c’est une solution fédérale que vous défendez ? Que répondez-vous à ceux qui brandiront le risque de sécessionnisme, de danger pour l’unité de la France ?
Qu’on ne risque pas ce qui est déjà là ! L’unité ne se fait plus, la communauté n’existe pas, la France unie est déjà morte… Je propose une formule qui referait République, communauté et unité dans la diversité. Pourquoi ceux qui n’ont que les mots “diversité” et “communauté” à la bouche ne veulent-ils pas de la diversité du vieux peuple français et des communautés qui le constituent depuis des millénaires ? L’unité n’a pas pour seule formule que celle du jacobinisme pour lequel la caserne est le modèle alors que, pour les girondins, c’est le repas en commun qui est plus sûrement la métaphore politique…
Retrouvez la suite de cet entretien dans le magazine Bretons de mai 2017