Philippe Gloaguen: “La Bretagne, c’est une région sincère”
Entretien•À l’occasion du lancement d’un guide consacré au Golfe du Morbihan, le patron des Éditions du Routard, Bigouden d’origine, revient sur le succès jamais démenti de ces guides de voyage et sur l’état du tourisme en Bretagne et dans le monde...Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons
Bretons : Comment se portent les éditions du Routard ?
Philippe Gloaguen : Très bien. Le Guide du Routard, ce sont 2,5 millions d’exemplaires écoulés chaque année pour l’édition française. On a également trois éditions étrangères. Notre site Internet cartonne, avec entre 2,2 et 2,6 millions de visiteurs uniques par mois. Et en réponse à la question que vous ne m’avez pas encore posée : non, Internet ne nous pique pas de clients. C’est très différent. Notre site Internet est comme un teaser. Vous ne savez pas où partir en vacances ? Vous avez des photos, des tarifs aériens, le niveau de vie de chaque pays… Vous décidez de votre destination. Ensuite, pendant le voyage, il vous faut le guide papier.
Combien de titres existe-t-il ?
Nous avons à peu près 145 titres, plus ceux publiés en partenariat, dont le Golfe du Morbihan fait partie. Sur ces derniers, le financement est en partie obtenu par les élus et les entreprises locales. L’idée de ces livres est la redécouverte des terroirs. Le point de départ, ce sont les super Régions du gouvernement. Quand vous habitez Châlons-en-Champagne et qu’on vous dit que la capitale régionale, c’est Strasbourg, vous ne savez plus où vous habitez ! L’histoire de ces gens n’a rien à voir, l’Alsace a quand même changé quatre fois de nation en 150 ans, la Lorraine était un duché, les Ardennes étaient tournées vers la Belgique, la Marne, vers la région parisienne… Ces bouquins ont un succès considérable. Le premier était Presqu’île de Rhuys. On en sort désormais un par mois : la Gascogne, le Mont-Saint-Michel, Perros-Guirec et la Côte de Granit rose… Et l’année prochaine, Baie de Morlaix-Roscoff.
Quel est le top des ventes ?
Le premier, c’est le Portugal. Ensuite, Londres et New York. Sur les régions françaises, dans l’ordre : Corse, Provence, Paris et Bretagne.
La Bretagne n’est donc plus numéro 1 ?
Si, la Bretagne est numéro 1 si vous cumulez les deux titres, Bretagne Sud et Bretagne Nord. Cela fait 100 000 exemplaires, ils sont premiers. Mais c’est un peu injuste, car il y a deux titres…
Comment expliquez-vous que la Bretagne soit une destination qui plaise ?
La Bretagne, c’est une région sincère. L’offre correspond à une réalité. À part quelques exceptions, il n’y a pas d’arnaque en Bretagne. Les prix annoncés au téléphone, ce sont ceux de la réalité. Il n’y a pas de surbooking. Il y a une courtoisie chevaleresque. Je ne le dis pas pour le magazine Bretons, mais c’est une vraie fierté ! Sur la Côte d’Azur, le nombre d’hôtels qui nous appellent en panique, parce qu’ils n’arrivent pas à remplir… Mais c’est parce qu’ils ont déconné pendant vingt-cinq ans ! Ce n’est pas le cas de la Bretagne. La Bretagne est pour moi un produit honnête. Ce qui est annoncé dans les brochures, les guides, c’est une réalité.
Retrouvez la suite de cet entretien dans le magazine Bretons de mai 2017.