A plusieurs milliers de kilomètres de l’Asie, la Bretagne produit aussi son riz
AGRICULTURE•Deux producteurs d’Evran mènent un projet de rizière expérimentale dans les Côtes d’Armor…Jérôme Gicquel
Faire pousser du riz en Bretagne. A première vue, l’idée peut paraître complètement farfelue. Le projet est toutefois en train de prendre en forme avec une première récolte qui est sortie de terre cet automne au domaine du Triskell Rouge à Evran (Côtes d’Armor), à plusieurs milliers de kilomètres des rizières asiatiques. « Quand j’ai lancé l’idée, j’ai un peu été la risée de tout le monde », sourit Alexandre Reis.
Après avoir travaillé toute sa carrière dans le monde de la haute couture, ce Breton d’adoption a acquis fin 2013 une vieille bâtisse datant de 1764 et son exploitation de 5 hectares. Il y cultive d’abord du safran avant d’imaginer il y a un peu plus d’un an un projet de rizière expérimentale en plein cœur de la campagne bretonne. Après avoir récupéré quelques variétés de riz d’Asie, d’Italie ou de Camargue, il plante alors sa première récolte dans l’eau. L’expérience fait finalement flop, Alexandre Reis et son associé Alexandre Laverty ne récoltent aucun grain de riz.
Un riz vert en Bretagne et blanc ailleurs
La solution vient finalement d’un riziculteur malien en visite sur l’exploitation. « Les températures n’étant pas assez chaudes en Bretagne, il m’a conseillé de planter directement les semences dans la terre sèche », indique Alexandre Reis. Et le miracle s’est produit au mois d’octobre avec la première récolte d’un riz breton. « Sur cette variété, on obtient ici un rendement 5 à 11 fois supérieur à celui des autres zones de production », se félicite l’ancien brodeur.
Autre surprise de taille, le riz récolté en Bretagne affiche une couleur vert émeraude, alors qu’il est blanc partout. « C’est la terre bretonne qui lui confère cette couleur même si le mystère reste toujours entier », assure Alexandre Reis.
Testé et approuvé par des restaurateurs locaux
Cuisiné en février dernier par des restaurateurs locaux, le riz breton se distingue aussi par ses qualités gustatives. « On retrouve un goût de noisette, de quinoa et de vanille », poursuit le producteur.
L’expérience concluante, les deux associés vont désormais poursuivre leurs expérimentations avec l’objectif affiché de faire émerger une filière rizicole en Bretagne. « Il faut d’abord que l’on arrive à déposer un brevet sur cette variété et on pourra alors monter une coopérative rizicole bretonne. Cela prendra plusieurs années mais le riz breton a un bel avenir devant lui », s’enthousiasme Alexandre Reis.