INTERVIEW«René Ruello était assez têtu, je l'étais aussi», se souvient Dall’Oglio

Ligue 1: «René Ruello était assez têtu, je l'étais aussi», se souvient Olivier Dall’Oglio

INTERVIEWL’entraîneur de Dijon a porté le maillot du Stade Rennais durant trois saisons...
Jeremy Goujon

Propos recueillis par Jeremy Goujon

Vous ne le savez peut-être pas, mais l’actuel entraîneur de Dijon, Olivier Dall’Oglio, a défendu en tant que joueur les couleurs du Stade Rennais (1993-1996). Avant le déplacement de son équipe au Roazhon Park, samedi soir (20 h), le technicien cévenol a accepté d’effectuer un voyage dans le temps en compagnie de 20 Minutes.

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Vous vous souvenez des conditions de votre arrivée au SRFC, en cours de saison 1993-1994 ?

J’avais passé une année à Perpignan, qui était redescendu en National 1 à la suite de la refonte des championnats [le club occitan termina 15e du groupe A de Division 2]. Puisque je n’avais pas vraiment brillé, je me suis retrouvé au chômage. J’avais quelques touches à droite et à gauche, puis j’ai fait un essai au Mans et au Stade Rennais. Ce dernier s’est avéré concluant, sachant que Rennes cherchait un latéral pour renforcer son effectif. La saison était peu avancée [Olivier Dall’Oglio arriva comme joker fin septembre], et je me souviens avoir été très bien accueilli par le groupe. Les garçons m’ont fait de la place dans le vestiaire, j’avais vraiment apprécié.

Vous aviez donc le choix entre Le Mans et Rennes ?

Non, car ça s’était moins bien passé au Mans. En fait, ce n’était même pas un essai : je devais carrément signer là-bas. Sauf qu’entre-temps, le coach de l’époque avait changé d’avis, il ne voulait plus de défenseur. Je me suis donc entraîné avec eux, mais ils ont pris un attaquant. Ma femme m’a ensuite appelé pour me dire que j’avais reçu un coup de fil de Gérard Lefillatre [responsable du recrutement rouge et noir]. Je l’ai rappelé, il m’a dit : « Voilà, on cherche un défenseur, vous êtes deux en concurrence [l’autre candidat étant Marc Andrieux] », et j’ai été pris.

Vous gagnez très vite la confiance de l’entraîneur Michel Le Milinaire, lequel vous titularise 27 fois sur 31 possibles. Mais curieusement, vous manquez les deux derniers matchs, dont celui de la remontée en Division 1 à Istres (0-1, le 21 mai 1994). Pourquoi ?

Il y avait quand même une concurrence importante, notamment celle de Patrick Guillou. J’étais assez fatigué et par conséquent, moins performant qu’en début de saison. En toute logique, j’ai donc perdu ma place. Cette année-là est spéciale pour moi car, outre la fierté d’avoir participé à la montée [d’autant que les Rouge et Noir ne sont jamais redescendus depuis], elle correspond à la naissance de ma fille aînée. Quand on a des bébés, on a toujours des problèmes de sommeil (sourire).

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Au-delà de l’accession, le Stade Rennais aurait également pu obtenir le titre de champion de France de D2...

Par rapport à la fête que j’avais vécue deux ans avant [avec Strasbourg, qui retrouvait l’élite après barrage aux dépens du… SRFC], celle à Rennes fut moins grande. Avec le Racing, la montée avait peut-être plus de « valeur », car acquise dans la douleur. Ça ne s’est pas fait non plus les doigts dans le nez avec le Stade Rennais, mais on est montés un peu trop tôt. Et comme toujours dans ces cas-là, il y a eu du relâchement, autrement dit moins de bons résultats sur la fin. On finit dès lors deuxièmes alors qu’on aurait pu terminer premiers. On ne gagne pas chez nous lors de la dernière journée [0-1 face… au Mans], il y a quelques sifflets, etc. On sentait que le club s’était déjà projeté sur la D1.

Mais vous avez quand même célébré ça, non ?

On a fait la fête un petit peu entre nous, bien sûr. Il y avait une très bonne ambiance, je me souviens notamment de beaucoup de repas après les matchs. On se retrouvait entre « anciens », mais des jeunes comme Sylvain Wiltord venaient aussi nous rejoindre.

Olivier Dall'Oglio (à d.), ici en discussion avec le Stéphanois Thierry Oleksiak (à g.) et Jean-Luc Ribar.
Olivier Dall'Oglio (à d.), ici en discussion avec le Stéphanois Thierry Oleksiak (à g.) et Jean-Luc Ribar. - ROUGE Mémoire

Vous êtes moins utilisé durant les saisons 1994-1995 et 1995-1996 (28 apparitions au total), « à cause » notamment de l’arrivée d’un certain Patrice Carteron, dont vous devenez l’adjoint à Dijon en 2010…

C’est-à-dire que lui avait été recruté en provenance de Laval pour jouer à gauche, alors que moi, j’étais plus en concurrence sur la droite avec Pascal Fugier. Il arrivait de Marseille et avait un autre statut que le mien : j’étais étiqueté « joueur de D2 », lui « joueur de D1 », donc je savais à quoi m’en tenir. J’étais déjà très content d’être dans l’effectif, tout en cherchant à grappiller le maximum de temps de jeu et voir à quel niveau je pouvais me situer. Mais effectivement, il y avait une grosse concurrence aux postes auxquels je pouvais prétendre [Dall’Oglio a aussi dépanné dans l’axe en Ille-et-Vilaine]. J’ai moins joué, du coup j’ai beaucoup râlé parce que je n’étais pas content, mais en même temps, j’étais satisfait d’être dans un effectif de qualité.

Votre aventure rennaise se termine de façon douloureuse, puisque vous vous blessez sérieusement le 30 mars 1996 à Nice…

L’aventure tout court, car je n’ai pas rejoué en professionnels à compter de cette date. J’étais remplaçant, je suis entré assez rapidement dans ce match [à la 37e minute]… et j’en suis ressorti assez rapidement aussi [54e]. Je me suis pété les croisés sur une intervention anodine. Je me rappelle avoir essayé de continuer, mais je sentais bien qu’il y avait quelque chose de grave. J’allais avoir 32 ans, j’étais en fin de contrat… J’avais le choix entre me faire opérer tout de suite ou essayer de jouer comme ça. Ça n’a pas pu le faire, j’ai passé un an sans jouer [il n’est passé sur le billard qu’en décembre 1996], donc ma carrière s’est malheureusement arrêtée à Nice. Ça a été une période très difficile, parce que je sentais que je pouvais encore rendre de bons services.

« « Comme Djorkaeff, Gourvennec avait un toucher de balle assez exceptionnel. Pierre-Yves André, lui, allait à 2.000 à l’heure ! » »

On voit parfois des clubs renouveler le contrat d’un joueur gravement blessé. Cela n’a pas été le cas à Rennes ?

Si, le club a été grand seigneur. Gérard Lefillatre m’avait dit : « Écoute, nous, on peut te faire signer une année supplémentaire, pour que tu puisses te "réparer" ». Dans ma tête, j’avais choisi une autre option, celle d’éviter l’opération. Ce choix n’a pas été judicieux, j’aurais dû me faire opérer de suite et puis rester sur Rennes, ça aurait été la meilleure solution. J’ai voulu tenter autre chose, et ça n’a pas marché…

Le président rennais de l’époque s’appelait déjà René Ruello. Quelle image conservez-vous de lui ?

Sincèrement, on n’a pas toujours été d’accord. Il était assez têtu, je l’étais aussi. Sur ces histoires de contrat justement, on n’a pas été sur la même longueur d’ondes pendant un certain temps. Mais on s’est toujours expliqués, je n’hésitais d’ailleurs pas à aller dans les bureaux de son entreprise Panavi pour discuter. C’était parfois électrique, mais moi, j’aime bien qu’on me dise les choses en face. On s’est recroisés il y a quelque temps, et il n’y a pas de rancœur. Chacun a son caractère !

Quel est le meilleur joueur que vous ayez côtoyé au SRFC ?

Celui qui m’a le plus impressionné au départ, c’est Jocelyn Gourvennec. Comme pour Youri Djorkaeff, avec lequel j’ai joué à Strasbourg, je trouvais qu’il avait un toucher de balle assez exceptionnel. J’aime bien ce genre de joueur, élégant, parce qu’il n’y en a pas des tonnes. Après, Wiltord était déjà d’une efficacité hors-norme. Je retiens également la vitesse et le jump de Pierre-Yves André. Lui, il allait à 2.000 à l’heure !

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Aujourd’hui, que retenez-vous de ces trois années en rouge et noir ?

Je suis Sudiste, donc la pluie, parfois, c’était dur, même si je m’y suis habitué (sourire). Après, et peut-être suis-je un éternel optimiste, ce fut une très bonne période pour moi. Par moments, je ne jouais pas, j’ai eu ma blessure là-bas, mais il y a la naissance de ma fille, le fait d’avoir une maison sympa… Les entraînements aussi l’étaient, sur de bons terrains. J’ai découvert la D1 à 30 ans avec le Stade Rennais, où j’ai gardé des amis. Et puis, j’aimais bien jouer route de Lorient, j’aime ce stade, je m’y sentais à l’aise. En dehors du foot, la ville était très agréable, j’ai pris quelques cours du soir aux Beaux-Arts [Olivier Dall’Oglio est un passionné de peinture], il y avait la région dans son ensemble… Malgré certaines difficultés professionnelles, ça reste quand même trois belles années.