Rennes: Le «Madoff breton» jugé pour avoir escroqué 1.500 épargnants
JUSTICE•Jean-Jacques Defaix comparaît à partir de jeudi devant le tribunal correctionnel…J.G. avec AFP
On l’a surnommé le « Madoff breton », en référence au célèbre financier américain condamné en 2009 à 150 ans de prison pour une vaste arnaque évaluée à 65 milliards de dollars. A partir de jeudi, Jean-Jacques Defaix, 69 ans, va comparaître devant le tribunal correctionnel de Rennes pour avoir escroqué 1.500 épargnants pour un montant de plus de 34 millions d’euros.
C’est par le biais d’une quarantaine de structures coopératives que ce technicien en aéronautique à la retraite aurait détourné entre 2007 et 2010 les fonds d’entreprises et de petits épargnants, principalement basés dans le Finistère. Promettant des rendements de 6 % ou plus, ces structures coopératives étaient officiellement destinées à financer des PME locales ayant du mal à lever des fonds via les circuits classiques.
Une partie de l’argent investie en Chine
L’arnaque avait été mise à jour fin 2010 après une alerte lancée par le Crédit Mutuel de Bretagne auprès de la cellule de lutte anti-blanchiment Tracfin suite à un virement suspect de 500.000 euros vers la Chine. L’enquête révélera finalement que sur les 34 millions d’euros collectés, seuls 11 millions avaient bénéficié à des entreprises locales, parmi lesquelles « une boulangerie, dont la gérante a utilisé l’argent pour acheter un camping-car et une maison », selon l’Association des victimes des coopératives.
Onze autres millions étaient également partis en Chine, dans un village de loisirs à la française dont l’unique actionnaire était Jean-Jacques Defaix. Mis en examen puis écroué en 2011, avant d’être libéré l’année suivante, Jean-Jacques Defaix conteste l’escroquerie et nie tout enrichissement personnel.
Le prévenu encourt une peine de dix ans de prison
Si les chances de récupérer l’argent sont faibles, comme l’estime Me Féron-Poloni, qui défend 182 plaignants, les victimes attendent du procès qu’il permette de « comprendre comment un homme parti de rien, sans qualification particulière en matière de placements financiers, a pu inspirer autant la confiance et collecter 34 millions d’euros ». L’avocate espère aussi que des réponses seront apportées sur la responsabilité des établissements bancaires qui ont participé à la collecte des fonds. « Pour beaucoup d’épargnants, notamment des retraités, ce sont les économies d’une vie de travail qui ont été englouties », assure-t-elle.
Le procès de Jean-Jacques Defaix, qui comparaît avec 15 autres prévenus pour « escroquerie en bande organisée, blanchiment et participation à une association de malfaiteurs » doit durer jusqu’au 31 mars. Il encourt dix ans de prison.