Stade Rennais: «Je me suis planté sur la banderole, et c'est devenu Roazhon Celtic Kop»
INTERVIEW•L'un des fondateurs du groupe ultra rouge et noir évoque la genèse du RCK, qui fêtera ses 25 ans samedi soir...Propos recueillis par Jeremy Goujon
À l’origine, il y a Gildas, surnommé « Ziober » (en raison de sa ressemblance avec l’ancien attaquant de Montpellier), Christophe et Théophile Gautier. Pas le romancier, mais « Théo », l’un des trois fondateurs, donc, du Roazhon Celtic Kop (RCK).
Alors que le groupe ultra rouge et noir célébrera son 25e anniversaire à l’occasion du derby Stade Rennais-Lorient, Théo en raconte la genèse pour 20 Minutes.
Le RCK fêtera donc ses 25 ans samedi soir…
(Il coupe) Ses 25 ans « officiels », on va dire. À l’époque, ça faisait déjà quelques années qu’on traînait nos guêtres au stade avec l’appellation RCK. Les prouesses du SRFC (sic), c’était « D1-D2-D1-D2 », donc il n’y avait pas grand monde qui suivait. Le groupe s’est forgé petit à petit, et c’est en 1991 qu’on a décidé d’officialiser l’association.
Pourquoi une telle création ?
On était avec un autre groupe dont les méthodes ne nous plaisaient pas, avec un « chef » qui gérait ça… Nous, on était jeunes et vigoureux, on voulait bouger un peu ! À ce moment-là, on était en tribune Rennes [derrière l'un des buts], et on a viré en tribune Mordelles [bas, située en face].
Qui a trouvé le nom « Roazhon Celtic Kop » ?
Au départ, ça devait même être « Roazhoneg Keltiek Kop », mais bon, c’était dur à prononcer. J’avais confectionné la première banderole chez moi, et je m’étais à moitié planté. De Roazhoneg Keltiek Kop, c’est donc devenu Roazhon Celtic Kop, et depuis, c’est resté. Christophe et Gildas n’étaient pas du tout au courant que j’étais en train de préparer la banderole en question. Tout content de l’amener au stade une fois finie [circa 1987-1988], on m’a fait : « Mais on n’avait pas dit ça ! » J’ai répondu : « Si tu n’es pas content, tu te démerdes toi-même à la faire, moi j’en ai assez chié ! »
Le mouvement ultra en France prend sa source à Marseille (cf. le CU84). Certains groupes de supporters vous ont-ils inspiré ?
On côtoyait déjà pas mal les Ultramarines de Bordeaux et d’autres. Comme on voyageait à droite et à gauche, on voyait des choses par nous-mêmes, et c’était entre autres pour ça qu’on avait quitté la tribune Rennes. On voulait bouger, créer des tifos, tout ça…
Comment avez-vous été accueillis à l’époque par le reste du public rennais ?
Durant les premières années, le public n’était pas présent. L’affluence stagnait aux alentours des 3.000-4.000 personnes. Dans la Mordelles, on gênait le si peu de spectateurs qu’il y avait avec nos drapeaux. Les gens à Rennes n’étaient pas habitués à voir des supporters équipés comme nous l’étions...
Un quart de siècle plus tard, on peut dire que ça a évolué dans le bon sens…
Ce n’est pas plus mal ! Ceux qui étaient les « petits jeunes » commencent à prendre de la bouteille, et ceux qui arrivent maintenant ont le respect des anciens. On est là depuis le départ, mais on a drainé du monde, et les jeunes savent qui on est. On se fait chambrer, c’est normal, et généralement, c’est bon esprit. Ceux qui gèrent le groupe désormais [Théo a quitté la présidence du RCK en 2002] savent leur dire, en parlant de nous : « S’ils n’étaient pas là, vous ne seriez pas là, et il n’y aurait pas de kop ».
On nous a dit que vous étiez le seul du trio originel à vous rendre encore dans les stades. Est-ce vrai ?
Gildas a arrêté, et Christophe fait moins de déplacements aussi. À un moment donné, il m’est arrivé d’y aller moins souvent, y compris à domicile. Il y avait des fest-noz en même temps, j’avais également pris du recul par rapport au Stade Rennais. Ma fiancée de l’époque n’aimait pas le foot, donc ça ne facilitait pas les choses (sourire). Cette saison, avec la vie de famille, ce n’est pas évident non plus. Et puis, avant, ce n’était pas compliqué : c’était le samedi soir, et il y avait le match de Canal qui avait lieu le dimanche, point barre. Aujourd’hui, une journée de championnat s’étale sur six horaires différents…
Ces 25 années (et plus) d’existence sont-elles synonymes de fierté ?
Comme on dit, c’est notre bébé, on l’a monté de toutes pièces. Le SRFC, c’est nos couleurs, notre passion. On attend avec impatience les 50 ans du RCK (sic), on sera encore là ! Il y a eu des hauts et des bas, des moments plus chauds avec les dirigeants, certains groupes ailleurs obligés de s’éteindre car trop violents, trop ceci ou trop cela… On fait maintenant partie des plus anciens Ultras de France à être toujours actifs, et ça, oui, on en est assez fiers.