Rennes: Pourquoi le restaurant Lecoq-Gadby ne conserve pas son étoile Michelin
GUIDE MICHELIN•L’établissement est en pleine mutation et fermera son restaurant…Camille Allain
C’est l’un des établissements les plus renommés de la capitale bretonne, sans doute le plus connu des Rennais. Ce jeudi matin pourtant, les responsables du restaurant Lecoq-Gadby n’auront pas les honneurs du guide Michelin. Fondée en 1902 et distinguée depuis sept ans, la maison du 156, rue d’Antrain vient de perdre son étoile Michelin. « Nous nous sommes mis d’accord avec les équipes du guide », précise d’emblée Véronique Brégeon, propriétaire de l’hôtel-restaurant.
C’est elle qui a repris le restaurant en 1991, quand son père, gravement malade, a dû lâcher l’affaire. « On a pensé à tout vendre. Mais on ne l’a pas fait. » Avant elle, son grand-père et son arrière-grand-père avaient fait tourner ce bistrot historique. Installé dans une belle maison bleue à pans de bois, le restaurant va pourtant fermer ses portes le 1er juillet au soir pour au moins 18 mois, afin de laisser le chantier immobilier de Bâti-Armor sortir de terre.
« L’étoile, on ne l’a jamais cherchée »
La fin d’une époque pour l’une des tables emblématiques de Rennes, qui souffrait de son éloignement. « L’étoile, on ne l’a jamais cherchée. C’est le chef Marc Tizon qui nous l’a apportée. Ça n’a jamais été le moteur économique de la maison », rappelle Véronique Brégeon, sans regret. « Mais je reconnais que ça nous a permis de rencontrer des producteurs exceptionnels et de faire des choses qui sortent de l’ordinaire. »
Malade, Marc Tison avait dû être remplacé par Pierre Legrand, alors jeune cuisinier, qui restera deux ans aux fourneaux, avant de laisser sa place à Julien Lemarié, puis à Etienne Mangerel. Depuis, les propriétaires de Lecoq-Gadby ont officialisé la transformation du site. La moitié des lieux a été vendue à un promoteur. Seuls l’hôtel-spa, le jardin et la boutique sont conservés, au grand dam de certains habitants. « Beaucoup de gens croient que l’on n’a rien fait pendant des années parce que la façade n’a pas bougé. Mais tout se passait derrière », embraye Jacques Brégeon.
A compter du mois de juillet, Lecoq-Gadby va se concentrer sur son hôtel, son spa, ses produits cosmétiques mais surtout sur son activité de traiteur, qui va prendre de l’ampleur. « Nous allons louer un laboratoire à Châteaubourg pour élaborer nos plats. Nos cuisines n’étaient plus adaptées », poursuit le patron.
Le couple, qui pense passer la main à ses enfants « d’ici quatre ou cinq ans », assure également « rester en veille » et guette l’opportunité d’ouvrir un nouveau restaurant, quelque part dans Rennes. Dans 18 mois, la maison à pans de bois rouvrira avec une « maison de cuisine », plus qu’un restaurant. « La restauration, c’est notre ADN. Nous ne sommes pas morts », sourient les propriétaires.