Bretagne: Emmanuel Macron de retour dans la région des «illettrées»
POLITIQUE•Le candidat à la présidentielle avait choqué les salariés de l’abattoir Gad…C. A.
Ce week-end, le candidat à l’élection présidentielle Emmanuel Macron a fait réagir la classe politique, après ses propos sur « l’alcoolisme et le tabagisme » des habitants, lors d’un déplacement dans le bassin minier du Pas-de-Calais.
Il y a deux ans, celui qui était alors ministre de l’Economie s’était déjà fait remarquer en parlant des anciens salariés de l’abattoir Gad, fermé un an plus tôt, évoquant leur illettrisme. Deux ans et demi plus tard, le candidat est de retour dans le Finistère.
« Les gens l’ont très mal pris »
« Dans les sociétés dans mes dossiers, il y a la société Gad : il y a dans cet abattoir une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ». Lancée à la radio, la phrase avait fait l’effet d’une bombe. La tête sous l’eau après la fermeture de l’abattoir, les salariées de Gad se faisaient rabaisser par celui qui devait les aider. « Les gens l’ont très mal pris. On avait l’impression qu’il n’avait aucune idée de la réalité, de ce que représente le travail dans l’industrie », se souvient Olivier Le Bras, alors délégué Force Ouvrière chez Gad.
Le ministre s’excusera à l’Assemblée, avant de faire le déplacement jusqu’à Lampaul-Guimiliau pour rencontrer les anciens salariés. « Mon action, elle sera pour eux », avait-il déclaré.
« Avec du recul, je suis plus amer »
Deux ans et demi plus tard, Emmanuel Macron est de retour dans le Finistère, cette fois comme candidat. « Qu’il vienne s’excuser, j’avais trouvé ça courageux. Mais avec du recul, je suis plus amer. En partant, il avait promis qu’il ne nous oublierait pas. Mais il n’y a jamais rien eu de fait pour les anciens de Gad », poursuit Olivier Le Bras, aujourd’hui conseiller régional au sein de la majorité de Jean-Yves Le Drian et soutien de Benoît Hamon.
Le candidat Macron, qui peine à se détacher de son image de brillant banquier d’affaires, va tenter de convaincre le monde agricole, en grande souffrance, et celui de la pêche, à l’occasion d’un déplacement de deux jours. « Il ne faut pas nécessairement être issu du monde agricole pour en comprendre les enjeux », défend Olivier Allain, éleveur et conseiller régional à l’agriculture, qui accompagne le candidat dans le Finistère.
Des soutiens dans la région
Emmanuel Macron a en tout cas réussi à convaincre plusieurs élus du conseil régional de Bretagne, pourtant présidé par le ministre Jean-Yves Le Drian, fidèle à François Hollande et aujourd’hui soutien de Manuel Valls. C’est notamment le cas de Richard Ferrand, porte-parole du mouvement En Marche. Le député socialiste présidait le groupe socialiste à la région, avant de se mettre en retrait.