FC Lorient: «La saison prochaine, je serai avec ma femme et mes enfants», annonce Jérémie Aliadière
INTERVIEW•Éloigné de ses proches, installés à Londres, l'ancien attaquant d'Arsenal a érigé sa famille en priorité absolue pour l'avenir...Propos recueillis par Jeremy Goujon
L’année 2017 avait bien commencé pour Jérémie Aliadière : du temps de jeu avec le FC Lorient, un but et une qualification en Coupe de France face au leader de la Ligue 1.
Considérant les absences de Benjamin Moukandjo (parti à la CAN) et Benjamin Jeannot (sorti sur blessure contre Nice), l’avenir proche semblait même appartenir à l’ancien Gunner (33 ans). Et puis, il y a eu l’entraînement du 11 janvier…
Que s’est-il passé exactement mercredi ?
Ça faisait deux jours que je ressentais une petite gêne au niveau de la cuisse. Hier matin [entretien réalisé jeudi], j’ai senti que la tension augmentait un petit peu. Si je continuais, je risquais vraiment de me déchirer l’ischio, donc j’ai préféré arrêter à temps. Mais voilà, ça va être un peu juste pour ce week-end [les Merlus reçoivent Guingamp, samedi soir].
On ne vous avait plus vu en équipe première depuis le 18 novembre 2016. Était-ce déjà dû à un pépin physique, ou uniquement à un choix de l’entraîneur ?
C’était un choix du coach. J’ai fait deux matchs en CFA en fin d’année. Bernard Casoni m’a toujours dit qu’il comptait sur moi en janvier, vu que c’est là où j’aurais eu plus d’opportunités de jouer avec les absences de Moukandjo et Waris, quand on pensait que Majeed serait aussi à la CAN [le Ghanéen n’a finalement pas été retenu].
Jeannot également out, l’attaque lorientaise se retrouve sérieusement dépeuplée…
C’est vrai que ça tombe mal, même si je pense que mon absence sera beaucoup moins longue que celle de Benjamin [l'IRM passée jeudi par Aliadière a révélé une petite lésion musculaire, soit dix jours minimum d'absence]. Le retour de Waris, en tout cas, nous fait du bien…
À l’instar d’Arnold Mvuemba et Michaël Ciani, vous avez effectué votre retour cette saison au FC Lorient. Auriez-vous signé si votre ancien agent, Alex Hayes, n’était pas devenu vice-président du club ?
Bien sûr, ça n’a rien à voir avec Alex ! C’était un souhait depuis la fin de mon contrat au Qatar. Tout le monde sait pourquoi je suis parti là-bas : il y avait une offre financière que je ne pouvais refuser. Mais dans ma tête, je voulais toujours revenir à Lorient. J’y avais passé trois super saisons [2011-2014], et ça me manquait.
Le scepticisme lié à votre come-back, perçu chez les observateurs, les supporters, mais aussi au sein même du FCL, vous a-t-il vexé ?
Non, car le monde du foot est comme ça. Les gens aiment beaucoup critiquer. Une semaine, tu es un super joueur ; celle d’après, si tu fais un mauvais match, tu n’es pas bon. Moi, je voulais revenir ici pour d’abord essayer de retrouver un bon niveau physique, et ensuite aider le club. Je suis bien conscient qu’à mon âge, et surtout après deux saisons passées au Qatar, je n’allais pas revendiquer une place de titulaire.
Hormis l’entraîneur et l’effectif, qu’est-ce qui a changé à Lorient depuis l’été 2014 ?
Le système de jeu, même si l’équipe ne jouait plus trop en 4-4-2 non plus. Au niveau des infrastructures, l’Espace Kerlir [le centre d’entraînement, basé à Ploemeur] était déjà là quand je suis parti. Mais c’est vrai qu’en deux ans, ça a quand même évolué : le stade, la pelouse… On sent que le club prend de l’envergure.
Avec le recul, était-ce un bon choix d’aller au Qatar (précisément à Umm Salal) ?
Franchement, j’ai adoré, et la famille aussi ! Si j’avais eu un an de contrat supplémentaire, je serais resté. Au départ, j’ai cherché à prolonger l’aventure, mais j’ai tout de suite compris que c’était terminé. Là-bas, il y a un renouvellement de joueurs permanent. Quand tu fais deux ans, c’est déjà pas mal. Ensuite, c’est au tour de quelqu’un d’autre...
Vous aviez déclaré en juillet 2015 que c’était compliqué pour votre famille, et notamment votre femme, de vivre à Lorient. Cela ne l’a pas ennuyée, du coup, de retourner dans le Morbihan ?
Ma femme ne vit pas avec moi. On était installés à Londres, et vu que j’ai signé très tardivement [le 20 septembre 2016], elle est restée là-bas avec les enfants, qui avaient déjà repris l’école. J’ai donc décidé de venir tout seul. C’était la meilleure solution pour tout le monde.
Après l’éviction de Sylvain Ripoll et l’intérim de Franck Haise, l’équipe est désormais dirigée par Bernard Casoni. Que connaissiez-vous de cet entraîneur avant de le voir débarquer ?
Sincèrement, rien du tout ! Des potes, qui l’ont eu en tant que coach, m’avaient un peu parlé de lui, mais je n’aime pas trop écouter les autres (sic). Je préfère me faire mon propre jugement, donc je n’avais aucun a priori sur lui. J’ai été agréablement surpris, et après quelques entraînements, j’ai vite compris qu’il misait beaucoup sur l’agressivité, l’engagement et la récupération haute du ballon. C’est un peu le style anglais, donc ça m’a tout de suite plu.
En termes de philosophie de jeu, on oppose souvent Casoni à Christian Gourcuff. Est-ce vraiment le jour et la nuit entre les deux ?
Pas du tout ! Bernard Casoni n’est pas un coach qui n’a pas envie de jouer au ballon. Il connaît nos qualités, et nous dit justement qu’il ne faut surtout pas perdre notre style, c’est-à-dire jouer en une-deux, en triangle… Mais ce qu’il dit également, c’est qu’il faut au départ être plus « méchants » pour pouvoir récupérer des ballons haut, et ainsi, pouvoir jouer après. Si on est gentils, qu’on laisse l’autre équipe jouer et qu’on joue à la baballe, forcément, ça devient compliqué. Surtout dans la situation dans laquelle on est…
Quid de votre avenir, à maintenant quelques mois de la fin de votre contrat ?
Ce qui est sûr, c’est que je serai la saison prochaine avec ma femme et mes enfants, et ce, quelle que soit la destination. Je ne vais pas aller n’importe où, car il faudra que la situation convienne aussi à ma famille.
En gros, vous nous annoncez que vous ne serez plus Lorientais la saison prochaine ?
Ce n’est pas une certitude, on ne sait jamais… Je ne dis pas aujourd’hui que je ne le serai plus, mais je n’ai signé qu’un an. Ça va dépendre beaucoup, également, de la deuxième partie de saison. Là, ça démarrait plutôt bien, et c’est dommage d’être coupé dans mon élan. Mais si je commence à jouer plus, ça peut changer beaucoup de choses…
On garde de vous l’image du grand espoir français qui signe très jeune à Arsenal (16 ans). Puisque vous faites désormais partie des « vieux briscards », comment jugez-vous l’évolution du foot sur toutes ces années ?
Je vois une énorme différence par rapport aux jeunes. Quand je suis arrivé à Arsenal, il y avait énormément de respect pour les anciens. Jamais je ne me serai permis de parler… De toute façon, tu n’en as pas le droit, tu es déjà content de pouvoir t’entraîner avec eux ! Les jeunes d’aujourd’hui, ils arrivent dans le vestiaire et on leur doit tout… À ce niveau-là, l’évolution est impressionnante par rapport au temps où j’étais jeune.