Rennes: Un réseau de blanchiment estimé à 120 millions d'euros mis au jour
ENQUETE•C. A. avec AFP
Ils pensaient se heurter au silence des paradis fiscaux. Ils ont finalement atterri en Slovaquie, où les autorités ont coopéré. Les gendarmes rennais ont mis au jour un vaste système de blanchiment. En deux ans, l’enquête a permis de découvrir 120 millions d’euros de flux suspects réalisés dans plusieurs pays d’Europe et du Moyen-Orient, confirmant une information du Télégramme.
Six personnes mises en examen
Confiée à un juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) rennaise, une information judiciaire pour association de malfaiteurs et escroquerie et blanchiment en bande organisée a été ouverte en avril 2015. Plusieurs interpellations ont été menées en France et à l’étranger, en septembre 2015, puis au printemps 2016, selon la gendarmerie. D’après le parquet de Rennes, six personnes ont été mises en examen.
Une arnaque aux panneaux publicitaires
Les investigations ont débuté à Rennes à l’automne 2014, à partir d’une banale arnaque aux faux encarts publicitaires. Les gendarmes remontent alors la piste jusqu’en Slovaquie et découvrent que 40 millions d’euros ont transité dans les caisses d’une entreprise locale, financée par 25 autres sociétés, toutes immatriculées en France.
Derrière ces sociétés, des gérants de paille, souvent recrutés dans les quartiers populaires, sont rémunérés autour de 1.000 à 2.000 euros par mois, pour représenter les sociétés fictives. Ils sont même préparés au pire : en cas d’arrestation, ils disposent d’un « kit garde à vue », fournissant « la liste des questions posées par les enquêteurs avec les réponses à donner en cas de garde à vue ».