INTERVIEW«Ça m'aurait énormément plu d'être au FC Lorient», avoue Yannick Stopyra

Ligue 1: «Ça m'aurait énormément plu d'être au FC Lorient», avoue Yannick Stopyra

INTERVIEWL'ancien attaquant des Bleus a un lien très fort avec les Merlus, mais aussi avec le Stade Rennais...
Yannick Stopyra, ici lors du mythique quart de finale du Mondial 1986, Brésil-France.
Yannick Stopyra, ici lors du mythique quart de finale du Mondial 1986, Brésil-France. - Staff / AFP
Jeremy Goujon

Propos recueillis par Jeremy Goujon

Passé par le Stade Rennais (1983-1984), Yannick Stopyra est aussi et surtout l’arrière-petit-fils de Caroline Cuissard, la fondatrice du FC Lorient. Une bonne raison d’interroger l’ancien attaquant des Bleus (55 ans), héros du Mundial mexicain 86, avant le derby breton entre les Merlus et le SRFC, mardi soir au Moustoir (19 h).

On imagine que Lorient et Rennes sont deux équipes qui ne doivent pas vous laisser indifférent…

Bien sûr, ce sont des couleurs qui me parlent, parce que ça a bercé mon enfance. C’est simple : j’habitais Redon [où Stopyra a été formé], qui est à 60 kilomètres de Rennes, et à 60 de Nantes. Il y avait les pro-Nantais et les pro-Rennais. Moi, j’étais pro-Rennais, et j’ai d’ailleurs toujours fait le choix du cœur. Je suis allé à Rennes alors que ce n’était pas le bon moment, ni pour ma carrière, ni pour le club. C’est pour ça que le mariage a été difficile entre le Stade Rennais et moi, mais c’est quand même un club de cœur.

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Quelle place y avait-il pour le FCL, du coup ?

Plus que l’aspect footballistique, c’était une notion d’anecdotes de famille : l’histoire du maillot, celle du premier gardien de but… Tous les étés, tous les hivers, j’étais à Lorient. Mon père [Julien Stopyra] a porté le maillot du club [entre 1966 et 1968], et je me rappelle que, tout petit, j’allais autour des terrains là-bas.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle des Merlus en Ligue 1 ?

C’est malheureusement le lot de 17 ou 18 clubs, pratiquement, qui peuvent très vite se retrouver en difficulté avec une série de mauvais résultats. Là, les Lorientais sont dans une spirale négative, mais dans ce championnat, ça peut s’inverser très rapidement.

Beaucoup critiquent la gestion du président Loïc Féry, et pas que les supporters. Vous, qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas à l’intérieur du club, donc il y a des choses que je ne maîtrise pas. Le président gère le quotidien, les aspects financier et sportif, des choix sont faits… Aujourd’hui, c’est vrai que les supporters ont de plus en plus de poids, via les réseaux sociaux et tout ça, et quand on a un club de cœur, on n’est jamais très objectif. Lorient a connu des moments beaucoup plus difficiles, et il s’en est relevé. De toute façon, ça passera toujours par de bons résultats sportifs. Il faut protéger les joueurs, car ce sont eux qui font la différence sur le terrain.

Aujourd’hui, quelles sont vos attaches avec le FC Lorient ?

Franchement, c’est juste un nom. Quand j’étais au Qatar [sous contrat avec le Ministère des sports, de 2004 à 2007], j’ai envoyé un courrier au club en disant : « Je m’appelle Yannick Stopyra, je suis à la recherche d’un poste pour travailler avec les jeunes, et je suis très attaché au FCL ». Je n’ai pas eu la chance d’avoir une réponse, c’est dommage ! Comme je l’ai dit, j’ai toujours fonctionné à l’affectif.

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Si je suis allé à Mulhouse en fin de carrière [1992-1994], c’était pour avoir comme entraîneur Bernard Genghini, qui était mon coéquipier à Sochaux. J’ai quitté Bordeaux [en 1989] alors qu’il me restait deux ans de contrat, pour avoir comme coach Jean Fernandez et jouer avec Bruno Bellone et Luis Fernandez [à Cannes]. J’avais divisé mon salaire par trois…

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Donc Lorient, c’était un choix de cœur. Je me disais que ce que je n’avais pas pu faire en tant que joueur, j’allais peut-être pouvoir le réaliser en tant qu’éducateur [actuellement aux Girondins de Bordeaux, Stopyra s’occupe « du recrutement de tout ce qui est non-professionnel »].

Vous n’avez donc eu aucun retour des dirigeants morbihannais ?

J’en ai parlé une fois avec le président [Loïc Féry]. Entre-temps, ils m’avaient contacté pour donner le coup d’envoi d’un match, mais je n’y suis pas allé. Me montrer n’est pas le genre de chose dont j’ai envie. Rennes aussi m’avait demandé la même chose : ils voulaient que je donne le coup d’envoi avec mon oncle, Yvon Goujon [autre international français passé chez les Rouge et Noir]. En tout cas, c’est sûr que travailler à Lorient m’aurait énormément plu.

Quid du retour aux affaires de Christian Gourcuff à Rennes ?

Déjà, je me serais plu avec lui, parce qu’avec sa philosophie, c’est quelqu’un qui peut vraiment bonifier un joueur. C’est bien qu’il soit revenu au Stade Rennais.

Et à propos de Bernard Casoni, le nouvel entraîneur lorientais ?

J’ai joué avec lui [en équipe de France]. C’est un meneur d’hommes capable de sauver le club, c’est indéniable. Il est direct, très honnête. Il est comme il était sur le terrain : rugueux et très humain à la fois. C’est quelqu’un qui marque dans une vie.

Vous qui marchez à l’affectif : pour qui penchera votre cœur mardi soir ? Le FC Lorient ou le Stade Rennais ?

Vous me demandez un truc terrible ! Les deux clubs se tirent la bourre en ce moment au niveau des jeunes, et je ne suis pas sûr qu’ils s’apprécient tant que ça en coulisses… Je vais donner une réponse de Normand en disant match nul, comme ça, je pourrai aller à Lorient et à Rennes tranquillement (sourire).