En Avant de Guingamp: Mais au fait, qui es-tu, Karl-Johan Johnsson?
FOOTBALL•On a essayé d'en savoir plus sur l'une des révélations de la Ligue 1, et accessoirement nouveau cauchemar de Jérémy Ménez...Jeremy Goujon
Premier joueur suédois de l’histoire de l’En Avant de Guingamp, est en train de se faire un nom en Ligue 1. Ce n’est pas le Bordelais Jérémy Ménez, dernière « victime » en date du portier scandinave, qui dira le contraire…
- Un illustre inconnu en Suède
Bien qu’il ait démarré sa carrière au pays (Halmstads BK), et gardé les cages de plusieurs catégories chez les Blågult (les « Bleus-Jaunes », surnom de l’équipe nationale), Johnsson jouit d’une popularité inversement proportionnelle à celle de Zlatan Ibrahimović. « Si on montrait une photo de lui dans les rues, personne ne le reconnaîtrait, révèle ainsi . On sait qu’il joue désormais en France, et qu’il était auparavant au Danemark [au Randers FC], mais pour le reste… »
Nanti de trois capes en sélection A (la dernière en janvier 2016), celui dont le sobriquet est « Kalle » (prononcez « Kallé ») aurait pu être mieux identifié par ses compatriotes s’il avait participé . « Il était prévu comme titulaire, mais il s’est blessé au genou », raconte Thorén. L’intéressé est en tout cas dans les petits papiers du nouveau sélectionneur, Janne Andersson (son ancien entraîneur à Halmstad), lequel en a fait son gardien n°2 (derrière Robin Olsen) après la retraite de l’ex-Rennais Andreas Isaksson.
- Le clone de son prédécesseur
Dans les Côtes-d’Armor, personne non plus ne connaissait Karl-Johan Johnsson avant l’été dernier. Personne, hormis les recruteurs de l’EAG, explorateurs de la filière nordique depuis la venue du trio danois Jacobsen-Lössl-Schwartz (2014). « L’arrivée de Johnsson a rappelé celle de Jonas Lössl, pose . C’était exactement la même chose, c’est-à-dire un gardien ayant joué deux-trois matchs en sélection, et qui n’avait évolué qu’au Danemark ou en Suède [Johnsson a également connu le championnat hollandais]. Guingamp a eu du flair avec Lössl, pourquoi pas avec Johnsson ? »
À l’instar de son homologue viking, le Suédois a toutefois connu une entame difficile en L1. « Il n’a pas commis de bourde, mais il ne dégageait pas une grosse sérénité sur le premier mois de compétition », rembobine Henry-Dufeil. Le déclic, selon PHD, se produit en fait face au Stade Rennais, malgré la défaite (1-0, le 30 septembre). « Pour moi, il y a clairement un avant et un après penalty contre Rennes. Lössl, c’était un peu la même chose. Il détourne un péno à 1-0 face à Minsk en Ligue Europa , et c’est à partir de là qu’il a commencé à sortir de gros matchs. »
- Un spécialiste des penaltys
Après sa parade sur la tentative de transformation du Rennais Kamil Grosicki, Johnsson a récidivé dimanche, contre Bordeaux (1-1). Un arrêt ô combien déterminant, puisque les Girondins menaient alors 0-1. « C’est peut-être le tournant, parce qu’à 0-2, on ne revient pas dans ce match. Donc félicitations à notre ami Kalle, qui, encore une fois, fait ce qu’il faut pour nous maintenir en vie », . « Même si le penalty n’est pas super bien tiré, il faut quand même le sortir, estime Pierre Henry-Dufeil. Il ne la remet pas sur Ménez, et on voit qu’il a essayé de faire ça. »
L’ancien gardien du NEC Nimègue présente dorénavant un ratio positif sur les pénos sifflés en défaveur de l’En Avant cette saison (trois réussites sur cinq), fin août (tir à côté). « Là où il est fort, c’est qu’il n’a pas souvent d’arrêts à faire, observe le journaliste de Radio Bonheur. Par exemple, contre Angers [1-0, le 29 octobre], il en a un à réaliser, et il fait une parade merveilleuse qui sauve Guingamp. Pareil face à Bordeaux, les Girondins n’ont quasiment aucune occasion. Il sort le penalty et ça a galvanisé l’EAG, qui a ensuite égalisé. »
- L’un des meilleurs passeurs du championnat (si si)
Solide dans le domaine aérien, bon sur sa ligne, auteurs de réflexes étonnants : Karl-Johan Johnsson est tellement complet qu’il sait même offrir des buts à ses partenaires. À Lyon, permit en effet à Marcus Coco de crucifier les Gones (1-3, le 22 octobre). « C’est quelque chose que j’avais remarqué dans un match de préparation contre Rennes : il a des dégagements à la main d’une puissance… C’est vraiment impressionnant », s’extasie Henry-Dufeil.
À Dijon (3-3, le 5 novembre), , que Johnsson « servit » Nill De Pauw, pour l’égalisation salvatrice. Deux passes décisives qui n’ont, cependant, pas été comptabilisées par la LFP. Le Suédois n’en a cure, lui qui figure une journée sur quatre dans la formation-type du quotidien L’Équipe. De quoi, peut-être, se faire (enfin) connaître dans les rues de son pays…