Rennes: Clément a écrit un livre sur sa sœur trisomique et extraordinaire
LITTERATURE•Le jeune homme raconte avec humour son enfance…Camille Allain
C’était il y a 26 ans. Au mois de juin 1990, la petite Domitille débarquait dans la vie de Clément Moutiez, tout juste âgé de sept ans. Difficile pour un si jeune garçon de comprendre que ses parents venaient d’adopter une petite fille trisomique d’à peine quatre mois. « C’est surtout quand j’ai été à l’école avec elle que j’ai vu qu’elle était différente. Quand j’étais ado aussi, car il y avait toujours un con pour faire une réflexion », raconte son frère.
« Un geste humaniste, tout simplement »
Vingt-six ans plus tard, le Rennais s’est décidé à écrire un livre pour raconter ce quotidien. « Bien sûr, il y avait des moments difficiles, mais je suis très fier d’avoir une sœur trisomique. Il faut dédiaboliser cette maladie car souvent, on se marre bien », poursuit Clément Moutiez. Dans « Ma sœur, cette fée carabossée », le jeune homme raconte son enfance avec humour, explique le choix de ses parents d’adopter une trisomique. « Ma mère s’est longtemps occupée d’un petit garçon autiste qui vivait à côté de chez nous. Quand il est parti, ça a fait un grand vide, alors mes parents ont voulu adopter. C’est un geste humaniste, tout simplement », raconte Clément.
Si le frangin a décidé de prendre la plume, c’est avant tout pour mettre des mots sur cette maladie qu’il a longtemps côtoyée au quotidien mais sans en parler. Pour dire merci à sa sœur Domitille, aussi. « Quand j’ai repris mes notes, j’ai eu beaucoup de souvenirs qui sont revenus. Ce qui frappe surtout, c’est l’insouciance, la force qu’ont les personnes atteintes de trisomie. Ils ne se posent pas 3.000 questions comme nous », assure le jeune auteur.
Si la publication du livre a d’abord gêné ses parents, Clément est aujourd’hui fier de voir que la sortie de l’ouvrage a « fait grandir » sa sœur. « Elle a mûri car elle a vu que l’on s’intéressait à elle, qu’on la prenait en photo ».
Sortir le samedi soir
S’il refuse de devenir le porte-parole de la trisomie, le Rennais de 31 ans aimerait quand même œuvrer « un peu » pour les rendre heureux. « Ce que j’aimerais, c’est organiser une grande boum. Ce qui leur manque, c’est de sortir le samedi soir, de s’éclater. Ça me touche beaucoup de voir comment ils peuvent s’emmerder », résume l’auteur.