Rennes: Un conseil du patrimoine créé pour sauver les bijoux de famille
URBANISME•La municipalité veut préparer la révision de son PLU…Camille Allain
A quelques mois de plancher sur son nouveau plan local d’urbanisme, la ville de Rennes a voté lundi soir en conseil municipal la création d’un conseil local du patrimoine. « Cette nouvelle instance ne sera pas vouée à rendre des avis sur les projets immobiliers, précise d’emblée Sébastien Sémeril, adjoint à l’urbanisme. Ce conseil sera plutôt chargé d’élaborer une nouvelle nomenclature des bâtiments remarquables ».
Réunissant des élus, l’architecte des bâtiments de France, des habitants, l’Etat et des associations de défense du patrimoine, le conseil local fera place à la concertation. « On veut éviter les polémiques ou les pétitions à chaque démolition », poursuit Sébastien Sémeril.
« Accorder des permis de démolir sans même regarder »
L’association des Amis du patrimoine rennais, qui siégera au conseil local, applaudit l’initiative, mais met en garde. « La concertation manquait donc il faut souhaiter que ça s’améliore. Ce que l’on reproche à la ville, c’est d’accorder des permis de démolir sans même regarder de quoi il s’agit », regrette Michel Coignard, président de l’association. Une critique fermement rejetée par l’adjoint à l’urbanisme. « En 12 ans, seul 1 % du patrimoine classé ou protégé a été démoli », assure Sébastien Sémeril.
Plusieurs cas ont cependant fait grogner les Amis du patrimoine, comme lorsqu’une maison de 1909 qui a abrité deux aumôniers a été coupée en deux par les pelleteuses juste à côté de la prison Jacques Cartier. « C’est un saccage. Il y a à Rennes un inventaire du patrimoine remarquable qui classe les bâtiments avec une, deux ou trois étoiles selon leur intérêt. Mais il n’est pas toujours respecté », tacle Michel Coignard.
Les promoteurs à l’affût
Régulièrement attaquée à ce sujet, la municipalité se défend la plupart du temps en expliquant qu’elle ne peut décider de l’avenir de biens privés. « Il n’y a pas non plus d’intérêt à un patrimoine musée qui soit vide », argumente Sébastien Sémeril.
Bien qu’elles aient un intérêt pour les observateurs avertis, certaines maisons bourgeoises deviennent trop coûteuses à entretenir pour les héritiers, qui vendent souvent au plus offrant, à savoir les promoteurs immobiliers. Ces derniers n’ont parfois aucun scrupule à raser l’ensemble pour y bâtir des petits immeubles.
« La ville doit être informée pour pouvoir préempter si nécessaire », conseillent les Amis du patrimoine rennais. Le conseil local du patrimoine se réunira pour la première fois le 16 juin.