«Éric Cantona me disait que je ferai un super joueur de beach», rappelle Mickaël Pagis
INTERVIEW•L’ex-attaquant du Stade Rennais organise des journées découverte de beach soccer en Ille-et-Vilaine…Propos recueillis par Jeremy Goujon
S’il ne peut plus jouer au football ou au beach soccer à haut niveau (« Ça me manque, mais à un moment donné, il faut savoir dire stop »), Mickaël Pagis a encore « quelques petits restes ». D’où la volonté, chez l’ancien attaquant du Stade Rennais (42 ans), de transmettre son savoir-faire via la « Pagis Beach Academy », dont la deuxième édition s’est ouverte ce lundi, au Cap Multisports de La Mézière.
Quel est votre objectif en organisant ces stages ?
L’idée, c’est de faire découvrir la discipline aux plus jeunes [des catégories U11 à U17], le temps d’une journée ou d’une demi-journée. Le beach soccer est devenu une de mes véritables passions, et j’ai envie de la faire partager aux jeunes de la région rennaise.
Quel est le déroulé-type d’une journée ?
L’accueil se fait à partir de 9 h. Il y a douze enfants maximum par journée, et ce, pour deux raisons : avec un seul encadrant [en l’occurrence Mickaël Pagis], et considérant les dimensions du terrain, on ne peut pas aller au-delà de douze. Dans un premier temps, je propose une vidéo de haut niveau de beach. On se met ensuite en tenue, puis on fait une séance technique, de 10h à midi, où on apprend toutes les spécificités de ce sport. Même s’il y a des similitudes avec le foot traditionnel, j’estime que le beach est complémentaire. Après le déjeuner, l’après-midi est dédiée aux matchs, afin de mettre en application ce qu’on a vu le matin. Ce format éducatif est une première en France.
L’édition 2015 a-t-elle connu le succès escompté ?
Pour une première, c’était bien. J’ai rempli les stages à un peu plus de 60 %. Ça m’a donné envie de renouveler l’expérience, et de proposer plus de dates, pour que ce soit davantage réparti sur l’année [d’autres sessions auront lieu pendant les vacances scolaires de juillet et octobre 2016]. J’ai eu des retours positifs des enfants, qui étaient contents de leur journée. Les parents, aussi.
Vous aviez eu une « révélation » au moment de démarrer le beach soccer ?
Exactement ! Ça m’a permis de prolonger ma carrière professionnelle, et d’avoir toujours cet esprit de compétition. Mais même quand j’étais joueur, j’avais déjà envie de faire du beach. J’ai découvert cette discipline avec Pascal Olmeta, en Corse. Il y organisait des tournois ou des matchs d’exhibition. Dans un coin de ma tête, je m’étais dit : « Je m’essayerai au beach ». Et puis, j’ai également eu l’occasion de rencontrer Éric Cantona, qui me disait : « Tu feras un super joueur de beach, donc quand tu arrêtes ta carrière, n’hésite pas à nous rejoindre en équipe de France ». C’est parti comme ça.
Les frères Cantona, précurseurs du genre en France, sont-ils toujours impliqués dans le beach ?
Joël détient les droits de la discipline en France [via la Joël Cantona Organisation]. Il fait le lien entre la FFF et les équipes nationales. Éric, lui, a décroché en raison de ses autres activités, mais il reste passionné.
Les Bleus sont-ils toujours menacés de disparition ?
L’équipe va continuer à exister. Il a fallu faire le forcing auprès de la FFF, car celle-ci est allée vers d’autres horizons - certes liés - comme le futsal ou le foot féminin. Ils ont préféré partir sur ces créneaux-là, mais ils sont toujours présents. En espérant qu’ils gardent quelques fonds pour aider le beach à se développer…
Vous souhaitez concurrencer le futsal ?
Je n’aime pas trop le terme « concurrencer ». Le futsal, le beach, le foot, tout est lié. Quand on joue en salle, c’est toute l’année, alors que les championnats de beach se déroulent de mai à septembre. C’est donc un palliatif durant les périodes creuses du foot classique.
Le beach, c’est avant tout en plein air, ou a-t-il également vocation à exister en salle ?
Le mieux, c’est en plein air, avec du soleil et de chaudes températures. Mais pour pouvoir s’entraîner plus longtemps dans la saison, l’idéal, c’est en indoor. Surtout dans nos régions, où le temps peut vite changer.
Quelles sont les places fortes du beach dans l’Hexagone ?
C’est très développé sur Marseille, Montpellier, Toulon. Ça commence à l’être à Bordeaux, avec Yannick Fischer [ex-pro lui aussi, capitaine de l’équipe de France de beach soccer depuis 2014]. J’aimerais bien occuper le même rôle en Bretagne.
À quand une équipe de beach soccer estampillée « Stade Rennais » ?
C’est dans un coin de ma tête, c’est sûr. Après, je ne veux pas brûler les étapes non plus. L’objectif de ces journées découverte, c’est dans un premier temps de faire connaître le sport. L’idéal serait d’avoir un championnat régional seniors digne de ce nom, à partir de mai-juin, pour qu’on puisse présenter un champion de Bretagne au National, qui a lieu tous les ans dans le sud.