Pesticides, désherbants: Comment les jardineries se préparent à leur interdiction
ENVIRONNEMENT•D’ici 2019, les produits phytosanitaires seront interdits à la vente aux particuliers…Camille Allain
Samedi, à la veille du lancement de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, plusieurs actions ont été menées par des collectifs opposés à la vente du Roundup.
Ce célèbre désherbant produit par Monsanto a longtemps été considéré comme l’arme idéale de lutte contre les nuisibles. Mais à quel prix? Le glyphosate utilisé souille les nappes phréatiques et a plusieurs fois été pointé du doigt pour ses dangers sur la santé.
« Ce ne sont pas des produits anodins »
Censé être interdit, le Roundup continue pourtant d’être vendu ici et là. Chez Truffaut à Rennes, il en reste quelques flacons. « On ne peut plus en commander depuis des mois. Ce sont là les derniers », explique le responsable du magasin implanté en face de l’immense centre commercial Alma. La jardinerie a été la première de l’enseigne à installer des vitrines fermées à clé pour y présenter ses produits phytosanitaires, anticipant l’obligation légale qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017. « Nous voulons montrer que ce ne sont pas des produits anodins et qu’il y a des précautions à prendre », poursuit le directeur du magasin.
Derrière les vitrines, les produits des marques Bayer, Fertiligène, Algoflash ou Capiscol sont sagement rangés. Attendant, sans doute,l’interdiction générale des pesticides pour les particuliers annoncée pour 2019. La diffusion, le mois dernier, du reportage de Cash Investigation avait d’ailleurs fait grand bruit.
« Quand un client vient nous voir, on cherche d’abord une méthode naturelle ou un moyen mécanique de résoudre son problème », explique Philippe Leliard. Fort de ses 40 ans d’expérience, le responsable du rayon a vu les mentalités évoluer. « On revient aux méthodes anciennes. Il y a toute une période où ça a été oublié », poursuit-il.
« Certains anciens ont du mal »
Les clients, contraints de consulter un vendeur pour acheter du désherbant ou des pesticides, se laissent orienter vers des solutions alternatives. « Certains de l’ancienne génération ont du mal. Ils ont été habitués à traiter à l’arrosoir, souvent en doublant les doses. Ils ne comprennent pas toujours qu’il y a des normes à respecter », poursuit le responsable du rayon. Un ancien cherche justement à sauver son rosier. « Avec l’hiver doux qu’on a eu, je me prépare », explique-t-il. « Il y a parfois une notion affective des clients pour un arbre ou une plante qu’ils ont depuis longtemps », assure le directeur du magasin.
aEngagé depuis plusieurs années, le magasin Truffaut Alma sert ainsi de cobaye au niveau national. Les ventes ont-elles baissé depuis l’installation des vitrines ? Impossible à dire.
« Il faudra attendre le mois de juin et le retour des nuisibles pour savoir. Mais la plupart des clients sont vigilants. Quand on a des enfants, on est obligés de se poser la question », assure le directeur au magasin. Restent à convaincre les professionnels, et notamment les agriculteurs, de s’y mettre aussi. Un enjeu de taille en Bretagne.