«L'ex-gardien Grégory Wimbée faisait plutôt du Shakespeare», assure le footballeur humoriste Yannick Le Saux
INTERVIEW•L'ancien grand buteur breton nous parle de son étonnante reconversion...Propos recueillis par Jeremy Goujon
Figure du football breton dans les années 80 et 90, le Rennais Yannick Le Saux est devenu depuis opérateur LSM. « Ça veut dire "live slow motion", expliquait-il au Télégramme en décembre 2015. Je m’occupe, sur des productions télé - de sport souvent - de toutes les images qui ne sont pas en direct au cours de retransmissions qui, elles, le sont. C’est-à-dire, pour ce qui est du foot, de tous les ralentis, des interviews enregistrées avant le match, des résumés à la mi-temps, du générique de fin… »
En marge de cette activité, l’ancien buteur (50 ans) peaufine son premier… one-man-show. Une drôle de reconversion que Yannick Le Saux évoque pour 20 Minutes, à trois jours de Guingamp-Angers, deux clubs qu’il a fréquentés.
Avez-vous toujours une dent contre Noël Le Graët (l’actuel président de la FFF lui avait refusé un contrat pro à Guingamp, en 1989) ?
Non, c’est fini, ça. C’est de l’histoire ancienne, très ancienne même ! On s’est revus, il n’a rien fait pour moi depuis… mais rien contre non plus.
Si l’EAG figure au début de votre carrière, Angers en représente la fin (1998-1999)…
Je n’ai pas fait beaucoup de matchs là-bas. Le président Pierre Abraham m’avait demandé de venir, même si j’étais blessé. Il me proposait une reconversion sympa dans le marketing. J’ai un peu signé pour ça, sachant que le club repartait de zéro en National, avec une rétrogradation en CFA évitée de justesse [Angers fut repêché grâce aux descentes administratives de plusieurs concurrents]. Mais les deux dont on parle, Guingamp et Angers, ne sont plus du tout les mêmes que ceux connus à mon époque.
Concernant le SCO, vous estimez avoir contribué à ce qu’il est aujourd’hui ?
Oui, on était au tout début de l’histoire, avec Steve Savidan notamment. Si l’équipe de Stéphane Moulin en est là actuellement, c’est aussi grâce à la première pierre posée cette année-là.
Le premier Guingamp-Angers en Ligue 1 doit finalement vous faire un pincement au cœur, non ?
Je crois ne pas être un grand sentimental au niveau des clubs où j’ai évolué, mis à part Saint-Brieuc et le Red Star. Mon premier match pro, c’était à Guingamp. Je n’ai pas de super souvenirs sportifs d’Angers, même si c’est là que j’ai mis mon dernier but. Mais à cet instant, je ne savais pas que c’était le dernier, donc je n’ai pu le fêter comme tel…
Comment voyez-vous la rencontre de samedi soir (20 h) ?
Je pense qu’il n’y aura pas photo, surtout au Roudourou, où le public ne lâche jamais son équipe. Guingamp va gagner par deux ou trois buts d’écart. Angers a eu de la réussite en début de saison, c’est très bien pour eux. Ils ont marqué beaucoup de buts sur coups de pied arrêtés, mais maintenant que ça se sait un peu, il n’y a plus d’effet de surprise.
Où en est votre projet de spectacle sur les planches ?
Il est en construction. Je fais partie des humoristes qui seront sur scène lors du festival « Armor de rire » de Saint-Brieuc, parrainé par Laurent Chandemerle, les 6 et 7 octobre. Je ferai également quelques premières parties de son spectacle, quand il sera dans le Grand Ouest. Le mien est donc en cours d’écriture. À Rennes, je prends des cours le lundi et le mercredi à l’école du one-man-show de William Pasquiet, qui a d’ailleurs ouvert une autre antenne à Vannes, au siège mondial des plus belles baies du monde. C’est marrant, parce que c’est là que le Vannes OC avait sa boutique, aux heures de gloire du Voc…
Vous avez toujours eu envie de monter sur scène pour faire rire les autres ?
Oui, ça fait longtemps que je le fais déjà. Avec Laurent Chandemerle, on avait un spectacle de deux heures en 1997 à La Passerelle, à Saint-Brieuc. Ça a toujours été au fond de moi, et la vie fait que c’est le moment. Avant, c’était trop tôt, et après, ce sera trop tard. J’y vais vraiment pour m’amuser et, égoïstement, je le fais pour moi. D’ailleurs, je ferai un sketch dans le cadre du festival « Quartiers en Scène » de Rennes, le 17 mars. J’ai dit à ma frangine de venir me voir, mais elle m’a dit : « C’est le jour de la Saint-Patrick ». Justement, c’est l’occasion de prolonger la soirée (sourire).
Êtes-vous le premier footballeur à vous reconvertir dans ce domaine ?
Je crois déjà être le premier à être dans les régies pour le LSM. Pas le premier sportif, puisque Ronan Pensec le fait aussi pour le cyclisme, en tant que conseiller. Pour revenir à la scène, Ryamond Domenech a fait des pièces de théâtre, Noël Tosi aussi. Il y a également l’ancien gardien Grégory Wimbée, mais lui n’était pas dans l’humour. C’était plutôt du Shakespeare. En tout cas, dans l’humour et seul sur scène, il est possible que je sois le premier.
Avez-vous une appréhension particulière à l’approche du show ?
Non, même si je me remets en danger, comme si j’en avais besoin… Parfois, je me demande ce que je vais foutre là-dedans, comme je me demandais ce que j’allais foutre en devenant journaliste à Canal. Je veux retrouver le plaisir de ces métiers-là, où il y a une grosse adrénaline, une pression, et puis après, la jouissance de l’avoir fait.