Rennes: Derrière les belles façades, le centre ancien est toujours malade
PATRIMOINE•La ville lance un nouveau plan de sauvegarde pour ses vieux bâtiments…Camille Allain
C’est l’image de carte postale de Rennes. Appréciées des touristes, les maisons à pans de bois et leur façade colorée font depuis longtemps la réputation du centre-ville de la capitale bretonne. Le problème, c’est que derrière ces façades se cache la misère : les structures des bâtiments sont dévastées.
Plus de 600 immeubles dégradés
Etouffées par les enduits, alourdies par l’installation de salles de bain ou de toilettes, les ossatures en bois des immeubles du Moyen Age menacent de s’effondrer. Le constat n’est pas nouveau à Rennes. En 2008, un diagnostic appelé « rapport Tattier » avait établi que 600 des 1.600 immeubles que compte le centre ancien étaient « dégradés » dont 300 « dans un état très sérieux ». « On signait un arrêté de péril toutes les semaines », rappelle Nathalie Appéré, maire de Rennes, alors en charge du centre ancien.
L’arrière d’un immeuble de la rue Le Bastard. Les travaux sont évalués à 1,6 million d’euros. - C. Allain/APEI/20 Minutes
Face à la menace de voir les structures s’effondrer, une importante opération de requalification avait été lancée en 2011 afin de sauver ce qui pouvait encore l’être. « En cinq ans, nous avons accompagné la réhabilitation d’une centaine d’immeubles et de plus de 750 logements », annonce la maire. Un bilan jugé encourageant, « même s’il reste encore 500 bâtiments à traiter ».
Trente immeubles toujours vides
Pour poursuivre ce travail, la ville vient d’engager une nouvelle opération prévue pour durer jusqu’en 2023. Objectif : réhabiliter 80 immeubles de plus, soit environ 1.000 logements. « Peut-être même plus si les financements sont à la hauteur », poursuit Nathalie Appéré. La maire espère profiter de son poste de présidente de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), qui apporte la majeure partie des subventions, pour soutenir le dossier rennais.
Exemple d’un immeuble du centre ancien de Rennes rénové, ici rue Victor-Hugo. - C. Allain/APEI/20 Minutes
Aujourd’hui, le travail encore à accomplir est colossal. Une trentaine d’immeubles évacués pour péril imminent demeurent toujours vides. C’est notamment le cas rue Le Bastard. « Une poutre s’est effondrée en 2010. Les commerces du rez-de-chaussée ont pu rouvrir, mais les appartements restent inhabités », explique Benjamin Ferré, responsable du syndic.
Des propriétaires très nombreux
Dans ce bâtiment (en photo), 1,4 million d’euros de travaux seront nécessaires pour la rénovation, dont 600.000 euros sous forme de subventions. Le reste sera à la charge des propriétaires. « C’est là notre difficulté pour faire avancer les dossiers. Les montants sont parfois très élevés, et nous devons faire face à des propriétaires très nombreux, qui ont parfois hérité du bien. Alors quand il faut déterminer qui va payer la rénovation du mur mitoyen, c’est compliqué », souligne la maire.
Pour son nouveau plan de restauration, la ville a ciblé plusieurs secteurs prioritaires : les quartiers Saint-Georges, Sainte-Anne/Saint-Michel et la rue Pont aux Foulons seront traités en premier lieu.