Stade Rennais: «Tout le monde sympathise avec Rolland Courbis», selon Jean-Didier Lange
INTERVIEW•L'ancien co-président des Girondins se souvient des passages du coach à Bordeaux...Propos recueillis par Jeremy Goujon
Si Rolland Courbis est déjà revenu à Bordeaux comme coach adverse, il y sera de retour pour la première fois avec le Stade Rennais, dimanche à 17 h. L’occasion d’interroger l’avocat Jean-Didier Lange, co-président des Girondins dans les années 1990, durant lesquelles Courbis avait dirigé le club bordelais.
Dans le reportage de L’Équipe 21 consacré lundi à Rolland Courbis, votre ancien binôme Alain Afflelou affirme que le maire bordelais de l’époque, Jacques Chaban-Delmas, n’était pas très chaud à l’idée de voir l’entraîneur marseillais débarquer au Haillan (en 1992)…
Tout à fait, et il n’y avait pas que le maire. Personnellement, je pensais que ce n’était pas forcément une bonne idée au départ. Par la suite, Rolland a fait son travail, et a conquis tout son entourage.
M. Afflelou a donc dû insister pour convaincre les sceptiques ?
Gernot Rhor venait de faire remonter l’équipe en D1 [Bordeaux fut relégué administrativement en 1991]. On était d’accord sur le fait de prendre un entraîneur plus expérimenté, et sur le choix de celui-ci, l’idée est effectivement venue d’Alain. Il a eu du mal à me convaincre que c’était une bonne idée. Pas sur le plan sportif, mais par rapport à tout ce qu’on avait vécu. Bordeaux sortait de la faillite relative au temps de Claude Bez.
J’avais pu reprendre le club à la barre du tribunal, car il s’agissait d’une solidarité bordelaise pour « faire propre ». D’où le décalage avec l’idée de faire venir des gens qui, par ailleurs, avaient défrayé la chronique. Ce n’était pas du tout un avis personnel, puisque je ne connaissais absolument pas Rolland Courbis. On a fait connaissance et on a sympathisé, comme tout le monde sympathise avec lui. Il sait se faire apprécier.
D’ailleurs, c’est vous qui le faites revenir aux Girondins, en 1996…
Pour le coup, c’est le moment où Alain Afflelou partait, et c’est moi qui ai fait venir Rolland Courbis, en effet. La situation s’était donc renversée sur le plan relationnel.
Comment a-t-il fait pour inverser cette tendance ?
De l’eau avait coulé sous les ponts, Bordeaux était redevenu un club « normal » de première division, et puis j’avais appris à le connaître. Je me sentais donc capable, en tant que dirigeant de club, de gérer notre relation. C’est lui qui a souhaité partir en 1997, car il avait l’opportunité d’aller à Marseille. Il disait : « Les gars, on ne va plus jouer dans la même cour ». Deux ans après, on rivalise avec l’OM dans la course au titre, et nous sommes passés devant. On lui a alors dit gentiment : « Tu avais raison, on ne joue plus dans la même cour ». Tout ça très amicalement, bien sûr (sourire).
Le passage de Rolland Courbis à Bordeaux est marqué par son invention du surnom « Zizou » pour Zinédine Zidane. Quelles autres traces a-t-il laissées ?
Quand il revient après notre finale de Coupe d’Europe en 1996, je sais qu’on va avoir du mal à garder les joueurs les plus sollicités [notamment Zidane, Dugarry et Lizarazu]. On était au bout d’un système, et on avait besoin de rebâtir une équipe. J’ai pensé que Rolland était mieux placé que quiconque pour ce faire en l’espace de deux mois. Et il se trouve qu’on a été Européens à la fin de la saison 1996-1997. Il aura été efficace avec les moyens du bord.
Malgré la finale de l’UEFA, on n’avait pas de très gros moyens. On ne dépensait que ce qu’on gagnait. C’était une association à but non lucratif, dont j’étais le président. Même si Alain Afflelou nous a donné un très gros coup de main, par sa notoriété, etc., on n’avait pas de propriétaire. Alain n’était pas actionnaire et ne mettait pas d’argent en dehors de son contrat de sponsoring.
Le coach aura toujours fini 4e du championnat avec les Girondins. Y a-t-il le regret de ne pas être allé plus haut ?
Avec les moyens qu’on avait à l’époque, on ne pouvait lui faire aucun reproche au niveau des résultats. Il a toujours fait mieux que notre classement au budget. On n’était pas le 4e de France en la matière, on était plutôt le 6e ou 7e.