EVENEMENTVIDEO. Après avoir frôlé la mort, le funambule Théo Sanson la côtoie au quotidien

VIDEO. Après avoir frôlé la mort, le funambule Théo Sanson la côtoie au quotidien

EVENEMENTLe jeune adepte de slackline marchera entre la Mairie et l’Opéra de Rennes…
Camille Allain

Camille Allain

Au milieu de la place de la Mairie à Rennes, Théo Sanson passe inaperçu. Barbe peu entretenue, sourire facile et veste de sport sur le dos, le jeune homme sera pourtant la star du spectacle du 31 décembre. Peu avant minuit, le Grenoblois de naissance s’élancera sur une sangle de 2,5 centimètres de large pour traverser la place depuis l’Opéra jusqu’à l’Hôtel de ville perché à une trentaine de mètres de haut. « J’ai dû travailler une chorégraphie, un sens du spectacle. C’est un peu nouveau pour moi », raconte le jeune homme.



A la veille de l’événement, on sent le funambule impatient. Sans doute un peu inquiet aussi, de voir quelques rafales de vent balayer la capitale bretonne. « Sur la sangle, tu as des déports de plus de deux mètres. Ça bouge énormément », explique-t-il.

Le record du monde battu

A seulement 28 ans, le jeune homme est déjà l’un des plus grands noms de la slackline, cette discipline récente qui consiste à marcher sur une sangle. Le 15 novembre, il a tenté le pari complètement fou de marcher sur 500 mètres à Castle Valley en Utah, aux Etats-Unis. Perché à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol, il a alors battu le record du monde de la discipline. « Andy Lewis (un spécialiste de la slackline) m’a montré la photo de l’endroit. J’ai tout de suite accepté. Il fallait le faire vite ».

Là où ses amis ont échoué, chutant à plusieurs reprises et sauvés par leur ligne de vie, Théo Sanson a réussi. Pendant 28 minutes, il a marché sur cette étroite ligne pour établir un nouveau record. « Nous avons passé plusieurs nuits à dormir sur les pics. Nous avions une vieille radio. C’est là que nous avons appris ce qui se passait en France (les attentats de novembre à Paris). Ça nous a donné une énergie supplémentaire. Ça avait du sens », raconte le jeune homme.

« La première fois, j’étais retourné »

A voir l’aisance avec laquelle il marche sur sa précieuse sangle, on pourrait croire que Théo Sanson est fou. Ou alors qu’il n’a peur de rien. C’est finalement l’inverse. « La première fois que j’ai essayé en highline (en hauteur), j’étais complètement retourné. Ton corps tremble, ton cœur s’emballe, tu es pétrifié. Mais il faut apprendre à se maîtriser. La peur, c’est ton bouclier, ce qui te protège. Quand je faisais de l’escalade, à la fin, je n’avais plus peur ».

La fin justement, Théo a failli la connaître il y a huit ans. Parti grimper avec des copains dans les montagnes au-dessus de Grenoble, le jeune homme a vu une pierre casser sous son pied. Déséquilibré, il a alors chuté de 30 mètres le long de la paroi, frappant la pierre à de multiples reprises. Arrêté à trois mètres du sol, il est inconscient. « On m’a d’abord dit que ça irait. Avant de me dire que c’était peut-être très grave ».

« La mort est là, toujours »

Ses cervicales touchées, le Grenoblois est finalement opéré. Par chance, la moelle n’a pas été touchée. « J’ai passé quatre mois avec une minerve. On m’a dit que le sport c’était fini, que je ne pourrai plus jamais porter un sac à dos ».

Après trois ans « de déprime », le jeune homme a retrouvé goût à la vie grâce à des inconnus, qui marchaient sur une sangle dans le parc Paul Mistral à Grenoble. « J’ai passé l’après-midi avec eux. J’y ai pris goût ». Cinq ans plus tard, Théo a déjà trimballé son fil tout autour de la planète. « Tout ça m’a fait cogiter. La mort est là, toujours. Cette épreuve a changé ma vie. Je veux vivre les choses qui me plaisent », raconte le jeune slackliner avec les yeux levés vers le ciel. Jeudi, ce sera vers lui que les regards seront tournés.