Ligue 1: «Philippe Montanier aime les joueurs techniques», affirme Julien Féret
INTERVIEW•Le meneur de jeu caennais parle de son ancien entraîneur au Stade Rennais...Propos recueillis par Jeremy Goujon
Près de onze mois après son festival avec Caen, route de Lorient (un but, trois passes décisives), Julien Féret (33 ans) affronte de nouveau le Stade Rennais, vendredi soir (20 h 30).
Votre « envie de revenir à Rennes » se concrétise cette semaine…
Par rapport à notre situation d’urgence [lire plus bas], pouvoir rejouer ici en Ligue 1, pour un vrai bon match, n’était pas forcément évident. Je le souhaitais, mais je ne savais pas si ça allait se faire. On a réussi par la suite à relever un challenge extraordinaire.
Vous allez découvrir le Roazhon Park et ses nouveaux sièges…
J’ai suivi ça de loin. Je savais qu’ils voulaient remettre les couleurs du club en avant. C’est une très bonne idée. « Roazhon Park », ça sonne bien. Ça fait breton et enceinte de foot.
Il y a un an, Caen était lanterne rouge du championnat. Il est aujourd’hui 3e. Quels ont été les ingrédients d’une année 2015 assez exceptionnelle, même si elle n’est pas encore tout à fait terminée ?
On a eu un revirement de situation à partir de janvier. Tout a été remis en cause : notre façon de jouer, la manière d’être ensemble, etc. Il y a eu des discussions, et l’intervention d’une personne extérieure au club, qui a aidé à nous libérer.
On s’est ensuite attachés à devenir une véritable équipe, soudée, capable de se dire les choses. Quand les résultats ont commencé à être positifs, ça a amené beaucoup de confiance. C’est pour ça qu’on a réussi à inverser la tendance, et à la faire durer dans le bon sens.
Parlez-nous de votre relation « technique » avec Andy Delort, qui aurait pu rejoindre le Stade Rennais à une époque…
On s’entend bien depuis son arrivée, et je pense que c’est pareil pour tous les joueurs qui évoluent à ses côtés. Il est à la fois généreux dans ses appels et intelligent dans le jeu, ce qui nous permet de l’utiliser et l’aider à marquer des buts. De mon côté, trouver l’attaquant, c’est ce que j’aime faire et ce que je sais faire. C’est pour ça que ça marche aussi bien depuis le début de saison.
« « Je considère vraiment Romain Danzé, Benoît Costil et Sylvain Armand comme des amis » »
Quelles sont les différences et points communs entre le Stade Rennais et le Stade Malherbe de Caen ?
Le Stade Rennais est devenu, non pas un grand club, mais un très bon club français, bien ancré dans la L1 et l’histoire de ce championnat. Le Stade Malherbe n’a pas son vécu et son expérience à cet échelon. Idem au niveau des infrastructures : Caen est à un niveau en dessous, mais est en train de mettre ça en place. Quant au centre de formation, celui de Malherbe est moins reconnu, ce qui ne l’empêche pas de sortir de bons joueurs. Il se rapproche donc un peu du SRFC. Et puis, le public est connaisseur des deux côtés.
Êtes-vous toujours en contact téléphonique avec des joueurs rennais ?
Bien sûr, j’échange avec Romain Danzé, Benoît Costil et Sylvain Armand. On ne parle pas forcément de football, mais plus de la vie en général. Je les considère vraiment comme des amis, et on restera en contact même quand on aura arrêté le foot.
Vu de l’extérieur, avez-vous une tentative d’explication à la « malédiction » frappant le SRFC, un club toujours aux portes du succès, mais qui n’arrive jamais à l’atteindre ?
Je pense qu’il y a trop de changements au niveau des joueurs, mais c’est le football d’aujourd’hui qui veut ça. Le groupe actuel du Stade Rennais n’a cependant rien à envier à la majorité des clubs qui jouent le haut de tableau. Ils devraient avoir plus de points, mais ils peuvent toujours faire une belle saison, et ainsi créer la « surprise ».
« Y a vraiment anguille sous roche, comment #Montanier fait-il pour ne pas faire jouer #Quintero… ? #SRFCOM — Nabil Djellit (@Nabil_djellit) December 3, 2015 »
Le public rennais s’étonne de ne pas voir évoluer davantage Juan Fernando Quintero, surtout à domicile. Un meneur de jeu qui n’entre pas dans les plans de Philippe Montanier, cela rappelle un certain Julien Féret, non ?
Nos situations sont différentes. Si je ne m’étais pas blessé [le 11 janvier 2014], j’aurais rejoué [Féret n’a disputé ensuite que 58 minutes au cours de la deuxième partie de saison 2013-2014, sa dernière à Rennes]. Je ne sais pas pourquoi Quintero ne joue pas plus souvent. Peut-être qu’il [Montanier] n’arrive pas à savoir comment le faire jouer dans son équipe. En tout cas, connaissant le coach et son approche du foot, je sais qu’il aime les joueurs techniques, et que son intention est quand même d’aligner Quintero.
Philippe Montanier n’a donc aucun problème avec les n°10 ?
Son idée première n’est pas forcément de jouer avec un n°10. Il veut plus évoluer avec cinq joueurs offensifs, c’est-à-dire avec un n°6 et deux n°8 relayeurs devant. Il ne joue donc pas vraiment avec un n°10, même s’il le fait pourtant plus cette année, avec Abdoulaye Doucouré par exemple.
« « J’aimerais bien voir Yoann Gourcuff épanoui, et refaire ce qu’il savait faire il y a quelque temps » »
Êtes-vous aigri par rapport à cette fin en eau de boudin avec le Stade Rennais ?
Je suis déçu de ne pas avoir pu mieux faire. Je suis parti alors que je n’avais pas pu jouer pendant pratiquement sept mois [sur l’ensemble de la saison]. Ça m’aurait plu de montrer un meilleur visage. Je n’ai pas à être aigri ou revanchard quand je reviens à Rennes. La saison dernière, je voulais simplement montrer que je n’étais pas cuit, que j’avais toujours envie de jouer au foot et que je n’avais pas perdu mes qualités.
Que pensez-vous du retour de Yoann Gourcuff au SRFC ?
On se connaît assez bien. Je l’ai côtoyé quand il a commencé avec nous en équipe réserve [chez les Rouge et Noir, en 2002-2003]. On s’est recroisés lorsqu’il était à Bordeaux, puis à Lyon. On est Bretons tous les deux, on a joué au Stade Rennais, on évolue au même poste, donc on a forcément des atomes crochus. Le fait qu’il soit revenu à Rennes peut être une bonne chose. Ça va le relancer après des années difficiles à Lyon. J’aimerais bien le voir épanoui, et refaire ce qu’il savait faire il y a quelque temps.
« @starragolequipe Merci pour cette mise en lumière de M. #Fortin. Encore un super doc. @SMCaen_officiel — Idriss (@TheRight_ID) December 7, 2015 »
Le président Jean-François Fortin a dit vouloir entamer des discussions durant la trêve hivernale, à propos d’une prolongation de contrat (celui de Féret arrive à échéance). Souhaitez-vous poursuivre l’aventure avec Caen ?
Il l’a annoncé dans les médias, alors qu’on n’était pas au courant [le gardien Rémy Vercoutre est également concerné]. On s’est revus et il me l’a dit de vive voix. Le club a la volonté de me proposer quelque chose, mais ça n’a pas été plus loin. Ça se fera sans doute durant la trêve. Je suis ouvert à la discussion.