Rennes: Cinq choses que vous ignorez sur le jeu du palet
LOISIRS•Des Rennais publient le manuel officieux du jeu d’adresse...Camille Allain
«C’est l’un des piliers de la culture locale. Et pourtant, il n’y a pas un ouvrage qui lui a été consacré ». Après s’être attaqué avec succès au mythe de la galette-saucisse (4.500 exemplaires vendus), Benjamin Keltz s’est cette fois-ci penché sur le jeu du palet. Epaulé par trois compères, le journaliste rennais vient de publier « le manuel officieux » de ce jeu, un temps laissé de côté, mais aujourd’hui adulé par de nombreux jeunes de la région. Et pas que.
Après plusieurs mois de recherches, les auteurs ont pu retracer l’histoire de ce jeu d’adresse, qui consiste à envoyer des palets en acier sur une planche de bois, en suivant le principe de la pétanque. Si les origines du jeu sont un peu floues, voici quelques anecdotes que vous ignoriez probablement.
Le palet a été interdit par le roi de France.
Nous sommes en 1319 et Philippe V le Long, alors roi de France, promulgue une ordonnance interdisant les jeux de table, de palet, de quilles ou de billes. Alors en guerre permanente contre les Anglais, le Royaume de France préfère que la population s’entraîne à l’arc plutôt qu’au palet.
Les Lices accueillaient 1.000 joueurs.
Il fut un temps où la place des Lices était un haut lieu du palet. En 1968, la première Coupe de France y est organisée. L’événement y restera jusqu’en 1985 et rassemblera parfois jusqu’à 100 joueurs. La place résonnait alors au son des planches de bois. « Pour les femmes et les enfants, des épreuves de planche à cible et à trous », précise l’ouvrage.
On a tué pour des palets.
Tout joueur un peu compétiteur s’est déjà écharpé sur un score erroné ou une mesure mal effectuée. Dans l’histoire, certains en sont même venus aux mains. Ainsi, un petit article de l’Ouest-Eclair datant de 1907 relate une bagarre mortelle autour d’une partie de palet à Plumelec. Un autre a été roué de coups pour n’avoir pas payé sa bolée à l’issue de sa partie.
On jouait sur des portes d’armoire.
Il est difficile de savoir qui a décrété que le palet se jouerait sur planche de bois. Aujourd’hui encore, la Vendée lui préfère le plomb. Toujours est-il qu’avant d’adopter la fameuse planche de peuplier, les anciens jouaient « sur le cul des charrettes ou sur des portes d’armoires », selon Eric Prévert, co-auteur de l’ouvrage. Alors qu’ils jouaient par terre, souvent sur la route, les paletistes de l’époque ont dû s’adapter à l’arrivée du bitume. « On faisait le tour du bourg en marchant, on s’arrêtait dans les bistrots », témoignait un joueur du début du siècle lors d’une exposition organisée en 1983 au musée de Bretagne.
Les palets sont anglais.
Fondée par le quincaillier Raymond David à la Guerche-de-Bretagne, l’entreprise David est toujours l’une des seules à fabriquer les planches. Si elle vend aussi les palets, la société en pleine croissance avoue faire fabriquer ses pièces d’acier (alliage de nickel, fonte, chrome, sable et manganèse selon l’ouvrage) en Angleterre. « En France, on ne sait plus fondre des choses comme ça », explique Lionel Pichon, directeur commercial de l’entreprise David. « On a une piste pour faire revenir la production en Bretagne ».