Rennes: Jean Jouzel, ambassadeur mondial du climat
ENVIRONNEMENT•Le natif de Janzé animera une conférence sur le réchauffement climatique…Camille Allain
Il est devenu l’un des plus grands spécialistes au monde du réchauffement climatique. Jean Jouzel est pourtant méconnu du grand public, plus habitué à voir Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand prendre la défense de l’environnement. Samedi, le natif de Janzé sera de retour au pays pour animer une conférence dans le cadre de l’événement La Pluie et le Beau Temps dont il est le parrain.
L’occasion pour le scientifique de partager ses connaissances sur le réchauffement climatique et d’alerter sur les dangers qui guettent la planète. A 68 ans, Jean Jouzel refuse pourtant l’étiquette de défenseur de l’environnement. « J’ai mes convictions, mais j’essaie de ne pas trop être trop militant écologiste. Mes missions me demandent une certaine réserve », explique-t-il.
Une carrière construite « par hasard »
Et ses missions sont nombreuses, très nombreuses. Vice-président du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de l’ONU, il est aussi directeur de recherche au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies renouvelables) depuis 47 ans et préside le conseil d’administration de l’Institut polaire français Paul-Émile Victor.
Brillante, sa carrière s’est pourtant construite par hasard, autour de ses recherches sur l’évolution de la composition des glaces du Groenland. « Je ne pensais pas que nos travaux auraient une telle importance à l’avenir. Mais nous avons obtenu des résultats marquants et tout le monde s’est intéressé au changement climatique », explique le scientifique.
S’il en est venu à travailler sur les glaces, c’est aussi par hasard. Après son école d’ingénieur à Lyon, Jean Jouzel voulait « se rapprocher de sa Bretagne » et accepte alors une thèse sur la formation des grêlons. « C’était passionnant, mais j’ai atterri là un peu par hasard », avoue le scientifique. Bien lui en a pris. Grâce à sa rencontre avec le glaciologue Claude Lorius, Jean Jouzel commence alors à travailler sur les glaces de l’Antarctique. « C’est comme ça que j’en suis arrivé à étudier le climat. »
« On a l’impression de parler dans le vent »
Ses travaux lui ouvriront les portes de tous les bureaux du monde. Invité à la Maison Blanche en 1995, il a depuis alerté les plus grands hommes de cette planète sur les dangers du réchauffement climatique. Sans jamais se décourager, ou presque. « Parfois, on a l’impression de parler dans le vent. On nous écoute, mais on ne nous entend pas », regrette Jean Jouzel. « L’action des politiques est un peu molle, c’est vrai. On peut se dire que ça ne va pas assez vite, mais au moins aujourd’hui on parle du réchauffement, grâce aux travaux des scientifiques. On peut au moins avoir cette fierté », estime le Janzéen.
Comme de nombreux climatologues, Jean Jouzel attend beaucoup de la COP-21, qui aura lieu à Paris fin novembre. Lors de cet événement, un accord pourrait être conclu pour engager tous les Etats signataires à limiter le réchauffement climatique à deux degrés avant la fin du siècle. « J’espère que ça servira à quelque chose même si nous savons déjà que ce sera insuffisant. Au moins, la question est prise au sérieux ».