Agriculture: Les paysans bretons à l’assaut de la capitale
AGRICULTURE•Un important convoi de tracteurs a quitté Rennes ce mercredi matin…Camille Allain
Ils étaient plusieurs dizaines, sans doute pas loin de 200, garés ce mercredi près de la rocade rennaise en attendant le feu vert. Dans la brume matinale, des tracteurs venus de toute la Bretagne ont pris la route vers Paris peu avant 9h.
« On s’emmerde pas, on prend les deux voies », annonce d’emblée l’un des organisateurs. Les agriculteurs grimpent sur leur engin, souvent par deux, prêts à rouler toute la journée. « Sur l’autoroute, c’est pas mal, on trace à 35 voire 40 km/h », lâche un jeune éleveur finistérien avant de partir.
« Comme pendant la guerre »
Mercredi soir, ils espèrent atteindre Chartres, où ils passeront la nuit, avant de faire route vers Paris jeudi pour la grande manifestation organisée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. « J’ai prévu de quoi grignoter sur la route. C’est sûr que ça va être long et que ça nous coûte cher, mais on n’a pas le choix », assure Yann, jeune éleveur des Côtes d’Armor. Lui a laissé sa ferme à sa femme et ses voisins. « Comme pendant la guerre ! », ironise-t-il.
« Pause à #Laval pour le convoi #Bretagne pour #mangerfrancais #AvenirAgri #FNSEA pic.twitter.com/csVVeGMG5t — FDSEA du Morbihan (@FDSEA56) 2 Septembre 2015 »
Le jeune éleveur voit ce déplacement à Paris comme « le dernier espoir pour faire changer les choses ». Et si ça ne suffit pas ? « Alors on verra. Peut-être qu’on ira jusqu’à Bruxelles », affirme-t-il avant de démarrer son engin. Embarqués sur la quatre-voies en direction de Laval, les agriculteurs ont fortement perturbé le trafic routier. « On n’a pas d’autre choix », répondent-ils.
Des dizaines de tracteurs ont pris la route vers Paris mercredi au départ de Rennes. - C. Allain/APEI/20 Minutes
Pour passer le temps, ils ont pu compter sur le soutien de quelques collègues, perchés sur les ponts au-dessus de la route et salués par des dizaines de coups de klaxon. « Moi j’ai été à Paris en tracteur il y a 30 ans. C’était quelque chose de voir tout ce monde », se souvient Michel, venu applaudir les collègues. Cet éleveur de Saint-Didier, près de Rennes, regrette de voir « qu’aujourd’hui, rien n’a changé ».
« Je perds 3.000 euros par mois »
Emu aux larmes, il explique alors son quotidien. « Je perds 3.000 euros par mois pour élever mes vaches et vendre mon lait et ma viande. Hier encore, j’étais à la banque pour demander une rallonge et payer mes salariés. On nous demande d’investir toujours plus pour se moderniser. Mais moi, je ne peux pas m’acheter le robot de traite dernière génération. Je n’en peux plus », lance-t-il en colère.
L’éleveur explique aussi qu’il a reçu une offre très lucrative d’une entreprise du coin qui voulait racheter ses terres. « Mais je n’en veux pas de leur argent. Je veux garder ces terres pour les cultiver, les transmettre, pas pour les brader ». La délégation qui s’en va à Paris porte les espoirs d'une partie de la profession.
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