Crise des éleveurs: Et si l’avenir de l’agriculture passait par les femmes ?
AGRICULTURE•La profession est aujourd’hui très masculine en France…Camille Allain
Voilà plusieurs semaines que les éleveurs se font entendre pour tenter d’alerter les décideurs sur la baisse des prix qui menace leur profession. Dans toute la France et notamment dans l’Ouest, on a alors pu voir la détresse des hommes, bloquant les axes routiers et saccageant les enseignes de la grande distribution.
Au milieu du vacarme, quelques femmes ont également pris part au conflit, comme Nathalie Marchand, éleveuse de porcs à Noyal-sur-Vilaine, aux portes de Rennes. « J’étais mobilisée. Le matin, je me lève et je me dis que je vais perdre de l’argent. C’est désolant », explique-t-elle.
La femme, variable d’ajustement
Installée avec son mari depuis 1998, elle milite aujourd’hui pour que les femmes soient plus nombreuses dans la profession.
« Quand on connaît des crises comme celle-là, la variable d’ajustement, c’est souvent la femme. C’est elle qui repart travailler à l’extérieur pour assurer un salaire. Moi, quand je vais aux réunions de crise, je me sens bien seule », explique-t-elle.
« Le camion part et je sais que je perds 1.800 euros »
Hasard du calendrier, l’éleveuse recevait lundi le préfet de région Patrick Strzoda, pour une rencontre autour de l’agriculture et des femmes. « C’était un rendez-vous prévu de longue date. Mais c’est pour nous l’occasion de lui dire les choses, de montrer la réalité de notre travail. La semaine dernière, j’ai chargé un camion avec mes animaux. Quand il est parti, je savais que je perdais 1.800 euros », poursuit l’éleveuse.
Chahutée par la baisse des prix du porc, Nathalie refuse pourtant de se plaindre. « Je suis faite pour ce métier et je m’épanouis car on travaille pour faire de la qualité, même si c’est parfois dur ». Comme ses amies du réseau Agriculture féminine, l’éleveuse bretonne aimerait voir plus de femmes dans les fermes.
« Pour relever la filière, on sait qu’il faut gagner en compétitivité. Mais je pense qu’il y a d’autres leviers. Les femmes ont une vision différente sur l’environnement, la diversité de l’alimentation ou l’importance de la communication. Elles peuvent apporter un plus. Un métier qui n’a qu’un sexe, c’est un métier qui meurt », conclut l’agricultrice.