Outreau: Jonathan Delay accuse Daniel Legrand mais peine à se souvenir de faits précis
JUSTICE•Le jeune homme n’a pas livré beaucoup de détails ce mercredi sur les faits de viols et d’agressions sexuelles dont il dit avoir été victime de la part de Daniel Legrand…Jérôme Gicquel
Le témoignage de Jonathan Delay était forcément attendu ce mercredi devant la cour d’assises des mineurs d’Ille-et-Vilaine, au deuxième jour du procès de Daniel Legrand. Victime reconnue de l’affaire d’Outreau, le jeune homme a toutefois eu du mal à se souvenir précisément des faits de viols et d’agressions sexuelles pour lesquels comparaît Daniel Legrand.
« Est-ce que Daniel Legrand fait partie des gens qui ont abusé de vous ? » lui a demandé Philippe Dary, président de la cour d’assises. « Oui », lui a répondu Jonathan Delay. « Je sais qu’il était là, je peux l’assurer qu’il était là, je ne suis pas là aujourd’hui devant vous pour mentir », a-t-il poursuivi. Jonathan Delay n’a en revanche pas précisé les abus qu’il reproche à Daniel Legrand. « J’ai certaines images où je le vois chez mes parents », se contente-t-il d’expliquer. Jonathan Delay a également accusé certains acquittés de l’affaire d’Outreau, refusant cependant d’en dire plus.
« Toute son accusation s’effrite », selon Me Berton
Des souvenirs assez vagues que la défense de Daniel Legrand a tenté de mettre à mal. « Jonathan Delay a juste des souvenirs ou des images mais ce n’est pas avec ça que notre client va être condamné. Il n’a formulé aucune accusation directe sur les faits d’agressions sexuelles qui sont reprochés à Daniel Legrand. Toute son accusation s’effrite, il ne peut pas soutenir davantage un tel mensonge », a indiqué Maître Franck Berton, l’un des avocats de Daniel Legrand, à la sortie de l’audience.
Suspendue deux fois, dont une à la demande de Jonathan Delay, l’audience de mercredi aura fait resurgir les fantômes d’une affaire vieille de plus de quinze ans. Comme le mystérieux meurtre supposé d’une petite fille dans l’appartement des Delay, dont l’enquête a finalement fait l’objet d’un non-lieu en 2007 en l’absence de corps ou de disparition.
Jonathan Delay a pourtant réitéré ses propos sur cette affaire, affirmant qu’une petite fille avait bien été battue à mort dans la maison de ses parents et que le corps avait été caché sous son lit. Ou qu’il avait subi des actes zoophiles en Belgique. « Il s’est passé des choses mais mes souvenirs sont très lointains », a évoqué à la barre Jonathan Delay, très mal à l’aise de se replonger ainsi dans ce passé douloureux.
« Je ne mens pas, je n’ai rien à gagner »
« Vous êtes une victime », lui a indiqué le président Dary. De même le représentant du ministère public, Stéphane Cantero, s’est attaché à le rassurer sur son statut de victime qui « ne fait aucun doute ». Avant de rappeler : « Aujourd’hui il s’agit de Daniel Legrand, qui a été acquitté deux fois pour les viols. » « Je ne mens pas », a fermement répondu Jonathan Delay. « Je ne sais même pas ce que j’ai à gagner de venir ici », a-t-il souligné.
Dans la matinée, les difficultés et lacunes des auditions des enfants lors de l’instruction avaient été abordées devant la cour avec d’anciens enquêteurs. La journée de jeudi sera consacrée à l’audition de nouveaux témoins et experts. Chérif Delay, l’une des parties civiles, pourrait également être entendu si son état de santé le permet.