Bugaled Breizh: Le naufrage du chalutier reste un mystère
JUSTICE•L’avocat général a réclamé la confirmation du non-lieu prononcé dans cette affaire...Jérôme Gicquel
Plus de onze ans après le drame, connaîtra-t-on un jour la vérité sur le naufrage du Bugaled Breizh qui avait coûté la vie à cinq marins au large de la Cornouaille? C’est tout l’enjeu de l’audience de la dernière chance qui s’est tenue ce mardi devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Les familles des victimes contestent l’ordonnance de non-lieu prononcée l’an dernier dans cette affaire par les juges nantais.
Selon eux, le chalutier immatriculé au Guilvinec dans le Finistère a été envoyé par le fond par un sous-marin qui se serait pris dans ses filets. «Je demande la reconnaissance de la responsabilité d’un sous-marin parce que toute autre hypothèse (serait) la reconnaissance d’un secret d’Etat», a plaidé Me Dominique Tricaud, l’un des avocats des familles, réclamant «la poursuite des investigations», à commencer par l’audition des membres d’équipages et les enregistrements sonores des sous-marins ayant navigué dans cette zone le 15 janvier 2004.
«Toutes les investigations supplémentaires sont vouées à l’échec. Il n’y a plus aucune chance de voir aboutir un jour la vérité dans ce dossier», a pour sa part plaidé l’avocat général, demandant la confirmation du non-lieu prononcé en mai 2014.
La décision mise en délibéré au 13 mai
Selon lui, deux hypothèses sont crédibles pour expliquer le naufrage du chalutier breton: soit un accident de mer, soit un sous-marin. «Mais les investigations menées pendant onze ans ont abouti à une série d’informations qui, à mon sens, ne permettent pas de choisir entre ces deux hypothèses», a-t-il ajouté.
Les avocats des parties civiles sont quant à eux persuadés de l’implication d’un sous-marin dans le naufrage, mais les avis divergent sur le navire qui pourrait être incriminé. Pour Me Tricaud, il s’agit du Turbulent, sous-marin britannique «qui devait participer ce jour-là à un exercice d’infiltration au large de la Cornouaille sans se signaler». Me Christian Bergot, avocat des parties civiles, a quant à lui évoqué la piste d’un sous-marin américain chargé de sécuriser le transport de déchets nucléaires vers le port de Cherbourg. «On a le droit d’avoir des intuitions mais il n’y a plus d’éléments matériels ni de preuves dans ce dossier», leur a répondu l’avocat général.
La décision de la cour d’appel a été mise en délibéré au 13 mai. A l’issue de l’audience, Me Tricaud a dénoncé «un déni de justice» et «une insulte à la mémoire des victimes et à la Bretagne qui se bat depuis dix ans». «Nous trouverons et identifierons ce sous-marin», a-t-il conclu.