JUSTICERennes: Les policiers avaient tiré sur un forcené, qui dit ne pas comprendre pourquoi

Rennes: Les policiers avaient tiré sur un forcené, qui dit ne pas comprendre pourquoi

JUSTICEL’individu avait semé la pagaille le 6 octobre 2014, muni d’une barre de fer et d’un bidon d’eau de Javel…
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

Un Congolais de 29 ans était jugé ce mercredi après-midi devant le tribunal correctionnel de Rennes pour des faits de «dégradation» et de «violence sur une personne dépositaire de l’autorité publique». Les faits remontent au 6 octobre 2014. Ce jour-là, l’individu s’était rendu à la préfecture Beauregard muni d’une barre de fer et d’un bidon contenant de l’eau de Javel. Son titre de séjour de 10 ans en tant que réfugié avait expiré début août. Furieux de ne pas obtenir le renouvellement de son titre après plusieurs rendez-vous, l’homme avait alors dégradé du mobilier dans l’enceinte de la préfecture.

Une fois dehors, il avait également jeté un pavé sur une vitre du bâtiment. Se baladant nu-pieds, en tenue de cycliste et avec des traces de charbon peintes sur le corps, l’individu avait ensuite pris la fuite pour se réfugier sur un terrain vague situé près des archives départementales. Trois policiers l’avaient alors pris en chasse, lui demandant d’obtempérer. Devant son refus et les menaces proférées à leur encontre, l’un des policiers avait tiré un coup de feu avec son arme de service dans le tibia de l’individu pour le neutraliser.

Il reconnaît les faits de dégradation

Lors de l’audience, l’accusé a indiqué qu’il «était un peu fou ce jour-là». Un examen psychiatrique réalisé quelques heures après le drame indiquera que l’individu «avait vécu un sentiment d’injustice et d’impuissance profond et que la seule issue pour lui était de mourir en public». Maître Fillion, avocat de l’accusé, a tenté de trouver des circonstances atténuantes pour expliquer la fragilité de son client, évoquant notamment «ses deux parents qui ont été assassinés juste devant lui alors qu’il n’avait que 12 ans au Congo».

S’il reconnaît les faits de dégradation commis dans la préfecture, l’individu nie en revanche avoir menacé les forces de l’ordre avec sa barre de fer. «J’ai fait signe aux policiers d’arrêter, j’avais les mains en l’air. Je ne comprends pas pourquoi ils m’ont tiré dessus», a indiqué l’homme à la barre.

L'affaire mise en délibéré, jugement le 4 mars

Cette version a été contredite par Maître Birrien, avocat des trois policiers. «S’ils ont fait usage de leur arme ce jour-là, c’est parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix. L’enquête de l’IGPN (la police des polices) a d’ailleurs conclu à un parfait usage de leur arme», a souligné l’avocat.

Présent à l’audience pour soutenir le jeune homme, Carole Bohanne, présidente du Mrap, est venue à la barre pour témoigner «des conditions d’accueil inacceptables à la préfecture». «Nous ne justifions pas ces actes mais ils étaient malheureusement prévisibles», a-t-elle ajouté. A l’issue de l’audience, le parquet a requis trois mois de prison avec sursis suspendus à l'exécution d'un travail d'intérêt général de 105 heures. Le jugement a été mis en délibéré au 4 mars.