EMPLOIRennes: Poussés à la démission pour avoir utilisé des bons de réduction

Rennes: Poussés à la démission pour avoir utilisé des bons de réduction

EMPLOIQuatre étudiants salariés d’un Carrefour City créditaient les sommes sur leur carte de fidélité...
Camille Allain

Camille Allain

«Ce que j’ai fait, je le reconnais, n’était pas très intelligent. Mais comme on ne nous a jamais rien dit, j’ai pensé que la direction l’autorisait plus ou moins». Marie (le prénom a été modifié) est étudiante à Rennes. Pour financer sa formation, elle travaillait les week-ends au Carrefour City de la rue de Fougères. Jusqu’à dimanche. Comme elle, trois autres étudiants du magasin ont été poussés à la démission par le responsable du magasin qui leur reproche d’avoir crédité des bons de réduction destinés aux clients sur leur carte de fidélité personnelle.

«Porter plainte leur aurait causé encore plus de tort»

«Je le regrette. Si on m’avait avertie, j’aurais tout de suite arrêté», regrette Marie. Ce que la jeune femme conteste, c’est d’avoir été poussée à démissionner. «On nous a dit, soit vous écrivez votre lettre de démission maintenant, soit on porte plainte. On a tenté de le faire changer d'avis, mais il voulait les démissions dans la minute», poursuit l’étudiante.

Contacté, l’employeur clame sa bonne foi. «Je leur ai proposé de démissionner pour éviter d’avoir à porter plainte, ce qui leur aurait causé encore plus de tort. J’ai été très déçu par cette attitude. La fraude était organisée, je ne pouvais plus leur faire confiance. Une note de service explique clairement le règlement des cartes de fidélité dans le groupe», explique le gérant du magasin.

La démission est contestable

Le problème majeur d’une démission, c’est qu’elle ne vous ouvre aucun droit à Pôle emploi. «On a nos loyers à payer et du jour au lendemain, on n’a plus rien.» La décision du responsable du magasin de demander la démission pourrait même être contestée devant un tribunal. «La démission doit résulter d'une manifestation claire et non équivoque de la volonté du salarié, ce qui ne semble pas être le cas ici», analyse une avocate rennaise, spécialiste du droit du travail. «On ne peut pas l’obtenir sous la pression. Ça peut être considéré comme une rupture abusive, même si le salarié est fautif. L’employeur aurait dû convoquer ses salariés et entamer une procédure disciplinaire», poursuit l’avocate.

«Si je les licenciais pour faute grave, ils n’auraient eu aucun droit à Pôle emploi non plus», se défend l’employeur. Une idée répandue absolument infondée. D’autant que le gérant du magasin a découvert la fraude le 31 janvier lors de son inventaire mais a attendu plus d’une semaine avant de convoquer ses salariés. «Dans une petite structure comme la mienne, le remplacement de quatre personnes doit être anticipé», explique-t-il. Les quatre anciens salariés n’ont pas prévu de déposer plainte.