Rennes: La prison est-elle devenue une passoire?
SECURITE•Une surveillante a été interpellée pour avoir fourni de l’alcool et de la drogue aux détenus...Camille Allain
Jeudi dernier, une surveillante de la prison de Rennes-Vezin a été mise en examen pour avoir introduit de l’alcool, du cannabis et des téléphones portables dans l’enceinte de la maison d’arrêt. Une pratique déjà connue dans le milieu, mais qui n’avait encore jamais frappé la prison rennaise, ouverte en mars 2010.
«C’est un phénomène qui existe et qui fait partie du quotidien des prisons. Nous ne sommes pas les premiers à qui ça arrive, et certainement pas les derniers», explique la direction de l’établissement.
La nouvelle a fait davantage de dégâts dans le milieu des surveillants. «On a le sentiment d’être toujours responsables. Quand on parle radicalisation, c’est nous. Quand on parle de suicide, c’est nous. C’est le genre de nouvelle qui salit un peu plus notre image», regrette Alexis Grandhaie, secrétaire régional de la CGT pénitentiaire et surveillant à Nantes.
«Il y a une forme de confiance»
Pour autant, le syndicaliste n’est pas si surpris: «Il y a toujours des gens pour tomber dans le panneau. Quelqu’un de fragile peut se laisser prendre. Il y a notamment un appât du gain.» Dans une récente campagne de recrutement, le ministre de la Justice vantait pourtant un salaire de départ de plus de 1.500 euros nets par mois. La surveillante pincée à Rennes, avait, elle, 20 ans d’ancienneté.
Depuis décembre, elle avait fait passer une vingtaine de bouteilles de vodka, des téléphones portables et du cannabis. Un trafic qui pose la question de l’efficacité des contrôles à l’entrée. «Le personnel passe sous les détecteurs de métaux, comme tout le monde». Les sacs eux sont passés aux rayons X, comme dans les aéroports. «Il y a une forme de confiance. On regarde surtout ce qui peut être dangereux. Si un collègue a dans son sac un sandwich, un bouquin et une bouteille d’eau quand il prend son service de nuit, on ne va pas lui demander d’ouvrir pour voir si c’est de la vodka ou de l’Evian», poursuit Alexis Grandhaie.
Du shit dans la couche de bébé
Depuis les faits, qui remontent au 3 février, aucune mesure particulière n’a été prise pour renforcer la sécurité à Rennes-Vezin. «Gérer le trafic venant de l’extérieur, c’est notre mission quotidienne. Nous le faisons au mieux mais il en passe quand même», explique la direction. Lors des parloirs, les familles sont nombreuses à tenter d’introduire un téléphone ou un morceau de shit, faciles à cacher quand on passe les portiques. «Vous n’imaginez pas ce que l’on trouve. On a déjà vu des flasques d’alcool et de la drogue cachés dans la couche des bébés», explique la direction.
Mise en examen, la surveillante a immédiatement été relevée de ses fonctions «à titre conservatoire». Elle a été placée sous contrôle judiciaire.