«En France, on n'a pas cette envie de gagner»

«En France, on n'a pas cette envie de gagner»

françoise dürr L'ex-n°1 tricolore n'est pas tendre avec ses héritières
Françoise Dürr et Mary Pierce, marraines du tournoi de Saint-Malo.
Françoise Dürr et Mary Pierce, marraines du tournoi de Saint-Malo. - J. Demarthon / AFP
Propos recueillis par Jeremy Goujon

Propos recueillis par Jeremy Goujon


Vainqueur de Roland-Garros en 1967, Françoise Dürr est avec Mary Pierce la marraine du tournoi de tennis féminin de Saint-Malo, qui se déroule cette semaine sur les courts de Marville. L'ancienne n°3 mondiale pointe du doigt l'état d'esprit des joueuses tricolores.


Depuis la retraite de Marion Bartoli, c'est un peu le désert côté français…


Alizé Cornet joue bien, mais je ne la vois pas gagner un Grand Chelem, bien qu'elle ait battu Serena Williams à Wimbledon. Derrière, les autres ont du mal à percer. A mon avis, Caroline Garcia est la plus douée. Elle a très bien joué en Fed Cup, mais après ça ? Quant à Kristina Mladenovic, elle se base trop sur le double. Elle devrait vraiment se concentrer sur le simple. Elle a le potentiel, mais elle est très irrégulière.


Quel est le fond du problème,


selon vous ?


En France, on n'a pas cette envie, cette hargne de gagner. On a la belle vie, on gagne pas mal d'argent… Il faudrait inculquer cette culture de la victoire dès le plus jeune âge. Là, c'est un petit train-train qu'on suit tout le temps (

sic

), et ça me chagrine.


L'exemple à suivre, c'est Serena Williams, qui vient de remporter


son 18

e

titre du Grand Chelem…


Elle est au-dessus du lot. Si elle est bien dans sa tête, personne ne peut la battre. Elle a une puissance et cette envie de gagner, justement. On le voit bien sur le court.


La présence de Martina Hingis en finale du double à l'US Open en dit long sur le niveau actuel de la WTA…


Le tennis féminin n'a pas progressé, c'est sûr. Les filles jouent toutes un peu pareil, à taper très fort dans la balle, sans avoir de tactique pour mettre l'adversaire en difficulté. Ce n'est jamais facile avec les filles. J'ai été capitaine de Fed Cup, et il y a tellement de paramètres chez elles que c'est très compliqué à gérer.