TravailLes aspirations des jeunes et entrepreneurs sont-elles irréconciliables ?

Les aspirations des jeunes et des entrepreneurs sont-elles irréconciliables ?

TravailSi les jeunes de 18-25 ans et les dirigeants de PME et ETI ne partagent pas la même vision de l’avenir, le dialogue entre ces deux populations semble néanmoins encore possible
bpifrance
Baptiste Roux Dit Riche - 20 Minutes Production
Baptiste Roux Dit Riche - 20 Minutes Production

Du jamais vu depuis dix ans. Selon Pôle emploi, sept métiers sur dix seraient actuellement en manque de candidats. La différence d’aspirations sociétales entre recruteurs et recrutés est souvent citée comme l’un des facteurs d’explications de ces tensions sur le marché du travail. Pour en avoir le cœur net, Bpifrance Le Lab a dévoilé, en mars dernier, une étude intitulée "Dessiner la société de demain, regards croisés des 18-25 ans et des dirigeants de PME et ETI”. Changement climatique, innovation, modes de travail… Au total, 1 096 dirigeants de PME-ETI et 502 jeunes ont participé à cette enquête qui met en lumière plusieurs divergences importantes entre les générations. Et notamment, une certaine difficulté des uns à cerner les attentes des autres. “Nous avons l’habitude d’organiser des groupes de discussion entre les dirigeants d’entreprise et des jeunes actifs. Durant l’un de ces échanges, un entrepreneur a expliqué qu’il avait parfois le sentiment de ne pas vivre à la même époque que ses plus jeunes collaborateurs. Il nous a alors semblé intéressant de lancer une étude croisée à ce sujet. Nous voulions aider les jeunes et les entrepreneurs à mieux se comprendre, à mieux dialoguer et donc à mieux travailler ensemble” explique Fanny Bourdigal, Responsable Etudes chez Bpifrance Le Lab.

Penser à soi ou à l’avenir ?

Tout au long de ses 53 pages, cette étude livre des résultats riches en enseignements. À commencer par le grand écart d’état d’esprit entre les deux populations sondées lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avenir. Alors que les chefs d’entreprise se considèrent optimistes (à 35%) et déterminés (à 54 %) pour demain, les jeunes sont moins nombreux à partager cet enthousiasme (25 % et 28 %). La nouvelle génération semble ainsi tiraillée entre son envie d’accéder au confort matériel et sa volonté de faire changer la société. “Il est évident que le rêve de la nouvelle génération n’est plus forcément d’avoir trois voitures dans son garage, témoigne Christophe Deboffe, Fondateur de l’entreprise Neo-Eco (valorisation des déchets) et participant de cette étude. Les jeunes semblent aujourd’hui plus sélectifs dans leurs choix de carrière. Ils privilégient notamment les employeurs qui apportent du sens à leur travail. Cela dit, cette vision est à relativiser. Les jeunes cherchent en priorité un emploi qui leur offre une autonomie financière et dans lequel ils se sentent bien”. L’étude Bpifrance Le Lab démontre d’ailleurs que les aspirations à un monde meilleur varient beaucoup selon les parcours des jeunes interrogés (origine sociale, études, expériences professionnelles…)


se faire accompagner pour entreprendre

Tous mobilisés pour l’environnement

Bonne nouvelle : les deux populations s’accordent toutefois sur l’importance d’accélérer la transition environnementale (76 % des dirigeants ; 68 % des jeunes). Pour y parvenir, les dirigeants semblent plutôt technophiles. Plus de trois quart d’entre eux (78 %) considèrent ainsi que le progrès technologique doit viser prioritairement la préservation du climat, de la planète et de la biodiversité. “L’entreprise de demain est à inventer. Il faut de nouveaux modèles économiques qui soient davantage tournés sur l'humain, le local et la protection de l’environnement. Cette mutation technologique et organisationnelle est déjà en cours, confie Christophe Deboffe. Elle s’avère néanmoins plus simple à mettre en œuvre au sein des PME que dans les grands groupes. Ces derniers sont principalement tenus par des contraintes financières et mettront donc plus de temps à pivoter”. La moitié des chefs d’entreprise interrogés par Bpifrance Le Lab estime que leur entreprise a un rôle majeur à jouer dans la construction d’une meilleure société.

Favoriser le dialogue

Au-delà des chiffres, cette étude démontre surtout l’importance cruciale de recréer un dialogue entre les jeunes et les dirigeants afin de mieux partager leurs attentes respectives. Premier exemple : alors que seulement 13 % des jeunes aspirent à courir de poste en poste, ils sont 39 % des dirigeants à les imaginer adopter ce comportement. Contrairement à une idée reçue, les jeunes souhaitent plutôt s’inscrire dans la durée en privilégiant les postes stables. Attention, l’incompréhension peut aussi concerner l’autre camp. Si 30 % des chefs d’entreprises souhaitent recruter des profils faisant bouger les lignes, seulement 16% des jeunes considèrent ce critère comme essentiel chez les recruteurs. “Chacun projette sur l’autre des stéréotypes qui ne résistent pas à la réalité du monde du travail. La publication de cette étude permet de pointer l’urgence d’ouvrir le dialogue. Qu’on soit un jeune ou un entrepreneur, on a tout à apprendre l'un de l'autre. Chez Bpifrance, nous sommes mobilisés pour faciliter ce rapprochement” conclut Fanny Bourdigal. Jeune ou entrepreneur, quelle que soit sa position, ensemble, on va plus loin.

Ce contenu a été réalisé par 20 Minutes Production, l'agence contenu de 20 Minutes, pour Bpifrance