ENTREPRISE"Entrepreneuriat Pour Tous", au service des entrepreneurs de quartiers

"Entrepreneuriat Pour Tous", au service des entrepreneurs de quartiers

ENTREPRISEInitié en 2019, le programme « Entrepreneuriat Pour Tous », porté par Bpifrance avec l’ensemble de ses partenaires, vise à favoriser la création et le succès d'entreprises dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Un dispositif qui intègre notamment des « accélérateurs » pour servir et conseiller les entrepreneurs tout au long de la vie de leur projet
BPI Entreprenariat Pour Tous
Baptiste Roux Dit RIche - 20 Minutes Production
Baptiste Roux Dit RIche - 20 Minutes Production

Entretien avec Marie Adeline-Peix, Directrice Exécutive, Directrice des partenariats régionaux, de la Création et de l’Action Territoriale de Bpifrance.

Pourquoi est-ce plus difficile d'entreprendre au sein d'un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) ?

L'entrepreneuriat n'est jamais un exercice facile. A ce constat initial, s'ajoute un certain nombre d'obstacles qui sont spécifiques aux habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Dans ces territoires, les porteurs de projets ont souvent moins de réseaux et vont donc rencontrer plus de difficultés à trouver des clients, des fournisseurs, ou des financements. Autrement dit : ils vont avoir du mal à valider les différentes étapes clés de la création et de la réussite d'une entreprise. Plus largement, on constate également aussi une forme d'autocensure, principalement liée à l'absence ou au faible nombre de modèles inspirants autour de soi. C'est un des enjeux du programme « Entrepreneuriat Pour Tous » : mettre en lumière et renforcer le réseau des entreprises dans tous les territoires, même les moins favorisés.

A l'inverse, est-ce que ces quartiers peuvent représenter un terrain d'opportunités pour les entrepreneurs ?

Oui et c'est aussi un message que nous souhaitons porter. Sans tomber dans les stéréotypes, nous constatons souvent une résilience plus forte chez les entrepreneurs issus des QPV. Ils disposent notamment d'une capacité étonnante à prendre des risques. En 2020, durant la crise sanitaire, nous avons réalisé une étude pour connaître l'état d'esprit des entrepreneurs. Les résultats obtenus semblaient démontrer d'un plus grand optimisme face à la crise chez les entrepreneurs des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Je l'interprète comme le signe d’une résistance plus forte face à des situations compliquées.

Comment les accélérateurs d'« Entrepreneuriat Pour Tous » répondent aux besoins des entrepreneurs de ces quartiers ?

Les accélérateurs constituent l'une des briques de solutions que nous proposons aux porteurs de projet dans le cadre du programme. Ils ciblent des projets à potentiel, c'est-à-dire des projets qui ont pour ambition de se développer et de créer des emplois. Nous leur apportons une recette qui a déjà fait ses preuves auprès des PME et ETI. Organisés dans le cadre d’un programme intensif, les Accélérateurs sont structurés autour de trois actions : de la formation, du conseil et de la mise en réseau. Notre ambition est d'aider des projets à se développer plus vite et à aller plus loin. Nous voulons casser les barrières qui peuvent exister pour les porteurs de projet issus de ces quartiers. Il y a deux types d'accélérateurs différents. Les accélérateurs « Emergence » ciblent les porteurs de projet et visent à les accompagner dans la structuration de projets jusqu’à leurs créations effectives. Les accélérateurs « Création » ciblent les créateurs d’entreprises nouvellement créées afin de les faire évoluer en futurs dirigeants d’entreprises durables.

Comment ces accélérateurs fonctionnent-ils sur le terrain ?

Lors d'une première phase, nous avions confié l'animation de nos accélérateurs à trois structures reconnues : Les Déterminés, Entrepreneurs dans la ville et My Créo Academy. Ces trois opérateurs avaient déjà engagé des actions comparables. Nous avons accompagné leur déploiement à une plus grande échelle dans plusieurs territoires (Lyon, Marseille, Paris, Saint-Étienne, Lille...). Nous entamons aujourd'hui la seconde phase durant laquelle treize nouveaux opérateurs vont, à leur tour, se voir confier l'animation d'accélérateurs. D’ici 2023 ce sont plus de 80 nouvelles promotions qui se mettront en place pour accompagner les entrepreneurs des QPV.

Chaque opérateur se chargera du recrutement des nouvelles promotions à travers un appel à manifestation d'intérêt. En règle générale, le dossier de candidature est très simple. Il ne s'agit pas d'un dossier de 50 pages, mais plutôt d'une vidéo ou d'un support dans lequel les porteurs de projets témoignent de leur ambition, de leur motivation et de leurs chances de succès. Même si les places sont limitées, les candidatures non retenues ne restent pas sans réponse. Les porteurs de projets sont souvent réorientés vers d'autres dispositifs locaux.

Quels objectifs fixez-vous à ces accélérateurs ?

Avec ces accélérateurs, nous nous sommes fixés - en 2019 - l'ambition d'accompagner 1000 entreprises en émergence et 1000 entreprises en création. Nous devrions atteindre ce cap au 1er janvier 2023 et sans doute le dépasser pour atteindre 2000 projets accompagnés. Plus que ces chiffres, c'est le modèle qu'il faut saluer. Le programme « Entrepreneuriat pour tous » démontre que c'est en travaillant en réseau, en permettant l'échange entre pairs, qu'on parvient à soutenir les projets qui durent et qui créent des emplois. Nous facilitons l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs qui, demain, inspirera d'autres porteurs de projets dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Ce contenu a été réalisé par 20 Minutes Production, l'agence de contenus de 20 Minutes, pour BPI France