Quelles informations d’engagement apportent les labels alimentaires ?
CONSOMMATION•En matière de consommation responsable, les entreprises tout comme les consommateurs ont un rôle à jouerCes derniers mois, 72% des Français ont modifié certaines de leurs pratiques pour réduire l’impact de leur consommation*. Et 85% attendent de la grande distribution, des entreprises et des marques qu’elles agissent en faveur d’une consommation responsable. Certaines ont déjà sauté le pas. Et pour les identifier, les produits alimentaires respectueux des conditions de vie des producteurs et/ou de l’environnement affichent divers labels (AB-Agriculture Biologique, Ecocert, Fairtrade, Rainforest Alliance...). Ces certifications sont des gages de qualité et des indications d’engagement. « Pour qu’un café soit certifié Rainforest Alliance, par exemple, chaque maillon, de la chaîne d’approvisionnement jusqu’au distributeur, doit lui-même être certifié. C’est un processus qui permet de travailler sur des aspects sociaux, environnementaux et économiques », explique Thierry Touchais, représentant Rainforest Alliance pour la France, l’Italie et l’Espagne.
Relever des enjeux sociaux et environnementaux
La certification permet au consommateur de s’assurer que son café est suivi sur les sujets de travaux forcés, sur le travail d’enfants, ou sur l’inégalité de genre. Elle œuvre à offrir un revenu décent aux producteurs de café et leurs équipes et de meilleures conditions de vie. Ils sont accompagnés sur le terrain pour préserver la biodiversité, les forêts, mieux gérer l’eau, éviter les pesticides, réutiliser les déchets de taille... et faire face au changement climatique. « Avec les sources de productions actuelles, d’ici 2050, la moitié des territoires aujourd’hui dédiés à la caféiculture risque de ne plus produire du tout en raison du réchauffement climatique », prévient Thierry Touchais. Les équipes de Rainforest Alliance conseillent alors des méthodes agronomiques régénératrices en faisant de la plantation de café sous couvert : on plante des arbres plus hauts pour atténuer les effets du réchauffement climatique et produire des récoltes complémentaires au café.
Agir main dans la main avec les producteurs
La marque premium suisse Café Royal (DELICA, Groupe Migros) fait partie de celles qui ont intégré cette démarche de labellisation. 70% de son assortiment est certifié Rainforest Alliance, 30% de sa gamme est porteuse de la certification Fairtrade. Pour aller plus loin, depuis 2016, la marque a également lancé un programme éco-responsable au Honduras avant de le déployer également au Pérou en 2019.
Grâce à cette coopération sur le long terme, les agronomes présents sur place aident les caféiculteurs partenaires à respecter les normes nécessaires à l’obtention de ces certifications (limitation des déchets, protection des sources d’eau...), à optimiser et diversifier leurs productions (au Honduras, culture de cardamome et poivre de Jamaïque). Ils peuvent ainsi compléter leurs revenus et ne pas dépendre uniquement de la saisonnalité du café.
La marque s’engage à acheter à ses producteurs leur récolte à un prix supérieur à celui du marché. Pour chaque paquet de Café Royal vendu, 0,50€ supplémentaires reviennent aux caféiculteurs. La marque suisse veille à leurs conditions de vie, à leur accès à l’eau... Les coopératives partenaires doivent également avoir un groupe de travail sur la question de l’égalité des sexes. Les échanges quotidiens et directs permettent de répondre à leurs besoins et de mettre en place des projets solidaires. Pour 1,6 millions de paquets de café vendus, près de 780 000€ ont été remis aux caféiculteurs par Café Royal depuis le début de l’année. Ces achats responsables des consommateurs ont également permis de leur offrir des moyens supplémentaires (système de séchage, engrais bio, dépulpeur...).
Des audits réguliers
Pour obtenir la certification Rainforest Alliance, les détenteurs de certificats sont audités tous les trois ans sur plus d’une centaine de critères par un tiers indépendant agréé. Et pas question de se reposer ensuite sur ses lauriers : chaque année, des contrôles s’assurent que les points d’amélioration continue sont réalisés. L’organisme assure la traçabilité des transactions, aide le certifié à promouvoir son engagement et offre au consommateur une vraie transparence.
Ce système repose sur une responsabilité partagée par l’ensemble de la chaîne de valeur où le consommateur a aussi un rôle à jouer en achetant son paquet de café quelques centimes de plus. « En France, on estime qu’il y a 30%-35% de café certifié, en Suède, c’est de l’ordre de 50%. Il y a donc encore un long chemin à parcourir pour informer et convaincre les consommateurs de la réelle valeur ajoutée et des impacts mesurables de la certification en matière sociale et environnementale », plaide Thierry Touchais. La campagne de communication annuelle « Follow the Frog » sur la certification Rainforest Alliance (du 27 septembre au 3 octobre) aura d’ailleurs une fois de plus à cœur d’éveiller les consciences.
* 14ème Baromètre de la Consommation Responsable, mars 2021 (Greenflex - Ademe -Yougov)