Crotte artPendant les législatives, des « fleurs de caca » poussent à Rennes

Législatives 2024 : « Ce sont mes fleurs de caca »… Elle pose des portraits de politiques dans des crottes

Crotte artA Rennes et partout où elle voyage, Emilie plante des photos de Marine Le Pen, de Jordan Bardella ou d'Emmanuel Macron piquées dans des crottes de chien
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • A Rennes, des portraits d’hommes politiques sont posés sur des crottes de chien depuis plusieurs mois.
  • 20 Minutes a rencontré Emilie, qui a découvert cette idée sur un trottoir et milite politiquement en fabriquant des « fleurs de caca ».
  • Militante féministe de gauche, elle explique vouloir avant tout faire sourire les passants.

Le rendez-vous avait été pris à 13h30, au fond d’un joli café du centre de Rennes. Assise sur un vieux fauteuil, Emilie a pris le soin de dispatcher devant elle quelques planches les portraits qu’elle a imprimés. Sur la table, on reconnaît facilement ses cibles favorites : Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jordan Bardella et Cyril Hanouna. « J’en avais fait d’autres avec Pascal Praud, Gérard Depardieu ou Alain Finkielkraut. J’avais même mis des photos de dictateurs. Mais je n’arrivais pas à rire en voyant les portraits de Poutine ou de Netanyahou. »

La fameuse Emilie avec qui nous avons rendez-vous ce midi n’est pas une célébrité. L’action qu’elle porte depuis quelques mois est pourtant en train de gentiment faire parler d’elle dans la capitale bretonne. A l’approche des élections législatives, ses « œuvres » sont même en train de devenir un moyen assumé de résister et de s’engager politiquement. Mais uniquement pour la gauche, soyons clairs.

« Ça m’a fait rire de le voir comme ça, tout sourire »

Cette musicienne âgée de 44 ans s’est prise de passion pour un art que très peu de gens pratiquent et qui n’a pas véritablement de nom. « Ce sont mes fleurs de caca. C’est le nom que je leur ai trouvé. Je trouvais ça marrant de penser que ces portraits auraient pu pousser là, dans la merde. » Arrivée à Rennes il y a quatre ans, la Montpelliéraine s’amuse depuis quelques mois à poser des portraits d’hommes et de femmes politiques dans des crottes de chien découvertes dans la rue.

Mais elle insiste : ce n’est pas elle qui a inventé cet « art » nouveau. « J’ai découvert ça après une manifestation. J’étais profondément attristée et démotivée de voir qu’on n’était pas écoutées. Et puis quand je suis rentrée, j’ai vu une photo d’Emmanuel Macron posée sur une crotte, tout près du théâtre du Cercle, rue de Paris. J’ai trouvé l’idée géniale et ça m’a fait rire de le voir comme ça, tout sourire ».

Il se passera une quinzaine de jours avant qu’Emilie ne découvre un nouveau « pic à caca » dans cette même rue, reprenant cette fois le portrait du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Elle le prend en photo et en parle autour d’elle. Sans le savoir, la militante féministe venait de se prendre d’admiration pour l’homme ou la femme qui a eu cette idée. Elle décide de s’acheter un lot de pics à brochettes en bois sur un vide-grenier et commence à imprimer ses portraits préférés dans une boutique du centre-ville. « Parce qu’il faut un papier un peu épais pour que ça tienne », explique-t-elle. On imagine la tête du commerçant voyant cette femme imprimer des portraits d’Hanouna ou de Bardella.

« Il faut choisir des photos où ils sourient »

Soutien affirmé du Nouveau Front populaire, Emilie choisit ses cibles et vise clairement le gouvernement macroniste et le Rassemblement national. Un moyen pour elle de militer « avec humour » pour affirmer qu’elle ne partage pas les mêmes idées. « Il faut choisir des photos où ils sourient. Ça rend le truc plus marrant de les voir posés dans le caca tout sourire. On peut faire un sondage politique en voyant combien de temps ils restent dans la rue. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

A Rennes, elle agit en plein jour et aux yeux de tous. Mais elle assure que jamais personne ne lui a fait une remarque. Sa technique est simple. Quand elle repère une crotte « ni trop fraîche pour que ça tienne, ni trop sèche pour qu’on puisse la piquer », elle se saisit d’une « fleur de caca » et la coiffe. « J’avoue que je prends un petit plaisir à les enfoncer dedans. »

Vous trouvez ça dégueu ? « Certaines de mes copines aussi. Tout le monde ne peut pas faire ça mais moi, ça ne me dérange pas. Ça ne sent pas et je ne les touche pas. » Et si ça ne plaisait pas ? « Je ne fais clairement pas ça pour énerver les gens qui votent Macron ou Bardella. Je vois plutôt ça comme un bisou de militantisme joyeux pour tous les gens qui ne s’y retrouvent pas et ont l’impression de militer dans le vent. » Un moyen de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Son problème aujourd’hui est de trouver assez de crottes pour y apposer ses œuvres militantes. « Il y a très peu de cacas à Rennes. » Pas certain que tous les riverains soient du même avis.