Guerre Hamas-Israël : Conf' écourtée, Nupes fragilisée... La dure journée des insoumis à l'Assemblée
REPORTAGE•Pour avoir refusé explicitement de qualifier le Hamas de groupe « terroriste », le groupe LFI a été ciblé par ses adversairesThibaut Le Gal
L'essentiel
- Depuis plusieurs jours, La France insoumise est critiquée pour ses prises de position sur les attaques en Israël.
- Ce mardi, lors des questions au gouvernement, les élus LFI ont été ciblés par le gouvernement, justement, et les autres groupes d'opposition.
- En refusant de qualifier explicitement le Hamas de groupe « terroriste », Mathilde Panot et les élus LFI ont mis à mal la Nupes.
A l'Assemblée Nationale,
La France insoumise toujours plus isolée. Après déjà plusieurs jours de polémique, le parti de Jean-Luc Mélenchon s’est de nouveau retrouvé dans la tourmente, ce mardi, lors de débats houleux à l’Assemblée nationale sur le conflit israélo-palestinien. Pour avoir refusé de qualifier explicitement le Hamas - responsable des attaques en Israël - de mouvement « terroriste », les responsables LFI ont subi la foudre du gouvernement, des autres groupes d'opposition, et même reçu des critiques de leurs partenaires de gauche. Une stratégie qui met un nouveau coup de boutoir à la toujours plus fragile alliance de la Nupes.
Mathilde Panot écourte sa conférence de presse
« Quelle est votre définition du Hamas aujourd’hui ? » Au vu des controverses des dernières heures, la question semblait attendue. Mais elle a étonnamment dérouté Mathilde Panot en fin de matinée, lors de sa conférence de presse. Après s’être tournée vers ses collègues, la présidente du groupe LFI a eu toutes les peines à donner une réponse précise : « C’est une… la branche armée qui est aujourd’hui responsable de crimes de guerre, voilà… ». Relancée, l’élue insoumise s’est agacée, avant de quitter à la hâte la salle, à la stupeur des journalistes présents.
Quelques minutes plus tôt, elle affirmait que son parti ne changerait pas « d’un iota » sa position sur la situation au Proche-Orient, défendant le communiqué controversé de son parti sur les attaques du week-end dernier. « Nous condamnons l’ensemble des crimes de guerre, qui visent à la terreur, donc on peut appeler ça terroriste », avait-elle lâché. « Mais ce qui nous dérange dans cette question, c’est quelle ne nous permet pas de penser à la situation. Ce n’est pas juste une démocratie qui serait attaquée par des terroristes. Il y a une situation complexe, d’années et d’années de colonisation et de blocus ».
Haro sur LFI dans l’hémicycle
Au moment des questions au gouvernement, en début d’après-midi, la tension était palpable dans les travées. « Devant cette barbarie, je veux redire qu’Israël est un pays ami à qui je veux réaffirmer, au nom de la représentation nationale, notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel », a lancé la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, à l’ouverture de la séance, déclenchant une salve d’applaudissements chez tous les groupes du Palais-Bourbon… sauf les insoumis, probablement gênés par l’inconditionnalité de ce soutien. Hués ici ou là, les élus LFI ont ensuite été ciblés par leurs adversaires politiques.
« Ceux qui soutiennent l’insoutenable, l’excusent ou le relativisent, et dont certains siègent sur ces bancs, attentent aux valeurs humaines. Ils en répondront politiquement, y compris vis-à-vis de leurs alliés, et le cas échéant devant la justice », a dénoncé Marine Le Pen. Meyer Habib, député apparenté LR de la circonscription des Français de l’étranger, qui comprend Israël, est allé bien plus loin : « Je ne pensais pas que l’antisémitisme se déchaînerait à nouveau ouvertement à la gauche de ces bancs ». Plus mesurée, la Première ministre, Elisabeth Borne, a plutôt regretté le manque de « cohésion nationale », en regardant les bancs insoumis. « Dans ces moments tragiques, je trouve choquant et désolant d’entendre des voix dissonantes jusque sur ces bancs ».
La Nupes ébranlée mais pas coulée
A la tribune, Mathilde Panot a dénoncé des « polémiques franco-françaises » et appelé à un « cessez-le-feu » au Proche-Orient, alors que les élus LR et une partie de la majorité préféraient quitter l’Hémicycle. Le maintien de la position LFI a continué de susciter des remous au sein de la Nupes. Chez les communistes et les écologistes qui ont, eux, qualifié le Hamas de « terroriste », mais surtout au sein du Parti socialiste. Dans les couloirs de l’Assemblée, Jérôme Guedj avait notamment la mine déconfite. « Quand on a un Bataclan, on ne discute pas de la géostratégie de Daesh… », soufflait-il devant des journalistes. « Faute politique », « impardonnable », « dégoûtant »… Les socialistes ont dénoncé à tour de bras la position de leurs alliés… mais sans aller jusqu’à remettre en cause la coalition de gauche. Quelques élus PS ont simplement indiqué suspendre leur participation à la préparation d’un contre-budget commun à la Nupes, en marge du budget 2024.