Parti socialiste: Une guerre du succession qui divise le gouvernement
POLITIQUE•L'ambiance est de plus en plus délétère entre les partisans de Jean-Christophe Cambadélis et ceux de Harlem Désir...Matthieu Goar
Programmée fin octobre, ce devait être une fête du rassemblement, une réunion de famille pleine d’allégresse après les jolis moi de mai et juin. Raté. Au fil des Bureaux nationaux à fleurets mouchetés et des petites phrases ambiguës, le Congrès de Toulouse des socialistes se prépare dans une ambiance délétère. «Dans ce parti, il y a beaucoup de gens qui ont l’habitude de se tenir tête. Le pire est que cet état d’esprit va nous poursuivre pendant encore des semaines. En fait jusqu’à la fin du Congrès…», prédit un député atterré de voir, en pleine crise, des ministres se mêler à cette bataille intestine.
Le cœur d'Aubry pencherait pour «Camba»
L’ambiance entre camarades s’est particulièrement détériorée en cette semaine décisive: Martine Aubry, va en effet annoncer le nom de son successeur, celui qu’elle doit placer en tête de la principale motion. La Première secrétaire a beau répéter qu’elle «consulte» et joue le «consensus», elle reste la maîtresse du jeu. Et entre Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, son cœur pencherait pour «Camba», l’ex strauss-kahnien, qui l’avait bien aidée lors du Congrès de Reims en 2008 et lors des primaires. Cambadélis, l’artisan de la gauche plurielle sous Jospin, serait «l’homme de la situation». «En ces temps agités, où la mer ne sera pas d’huile, notamment dans nos relations avec les autres partis de gauche, Cambadélis a les qualités pour ce poste», plaide ainsi un «Aubryste».
Les ministres veulent peser
Sauf que ce scénario ne plaît pas du tout aux partisans de Harlem Désir qui répètent à l’envi que l’ancien Premier secrétaire par intérim est le «candidat des militants» face à un «apparatchik» propulsé par l’ancienne équipe d’Aubry qui cherche à garder le contrôle du parti. Une thèse qui a ses partisans au sein même du gouvernement. Officiellement, comme Vincent Peillon, ou plus secrètement (Le Foll, Moscovici), plusieurs ministres font ainsi campagne pour Désir à la grande colère de Matignon. Jean-Marc Ayrault ne souhaitait pas que ses ministres se mêlent à la bataille du Congrès. Sauf que certains poids lourds veulent peser sur les organigrammes des futures équipes dirigeantes et poussent Désir, plus conciliant. « Entre Camba et Désir, la différence ne se joue pas sur le fond, c’est presque pareil. Mais sur les noms qui les entoureront…», explique un partisan de ce dernier, proche des ministres hollandais. « Après 20 ans passés à comploter avant les Congrès, je me disais qu’ils [les ministres] avaient plus envie de s’occuper d’une crise internationale ou encore du rôle de la BCE. Mais apparemment non…», ironise un dirigeant.